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Dans les entreprises
Best Medical Belgium : Le profit avant tout
Le 17 juillet dernier, deux contrôleurs des services de contrôle des déchets radioactifs étaient légèrement irradiés au cours d'une visite d'inspection dans les locaux de Best Medical Belgium, une entreprise de production d'éléments radioactifs à des fins thérapeutiques.
Ainsi allait progressivement sortir de l'anonymat la situation de cette entreprise en faillite depuis mai 2012... et de la douzaine de travailleurs encore présents sur le site. Le rapport et les photos réalisés par les deux inspecteurs révélaient un entassement de « caisses, papiers, classeurs, solvants mais aussi 180 sacs de déchets radioactifs (7 m3 !) constituant des matériaux combustibles induisant une charge calorifique particulièrement élevée ». En clair, une bombe à retardement... radioactive. Outre ces déchets, 16 touries (bouteilles de plomb) contenant du strontium 90 étaient découvertes, dont certaines inapprochables en raison de « leur radioactivité élevée ».
Voilà un aperçu de ce qu'avait laissé derrière lui le propriétaire de l'entreprise, le groupe américain Best Medical International. Outre ces déchets radioactifs, ce groupe est parti en laissant l'ardoise des indemnités des 84 travailleurs licenciés. Dès janvier 2012, le tribunal de commerce de Charleroi reconnaissait que « il n'avait pas été contesté à l'audience que d'importantes sorties de trésorerie avaient eu lieu » au profit de filiales du groupe « et que de tels agissements sont de nature à avoir précipité la cessation de paiement ». Une provision de 13 millions d'euros, reçue par BMB du propriétaire précédent pour l'assainissement du site après l'arrêt des activités, a notamment disparu dans les transferts financiers peu de temps avant la faillite.
Best Medical Belgium a donc été vidé de ses avoirs financiers, poussé à la faillite, et ses actionnaires évitent le paiement des obligations légales en matière de licenciement comme de protection de l'environnement.
Le seul traitement des déchets radioactifs impliquera quatre à sept ans de travail, pour un montant de 40 millions d'euros, à charge de la Région Wallonne et du Fonds d'insolvabilité pour le traitement des déchets nucléaires, c'est-à-dire finalement par les contribuables et les consommateurs.
Cerise irradiée sur cette pièce montée de cynisme : les brevets de production, propriété de l'entreprise belge, ont tout simplement été volés par BMI, selon le ministre wallon de l'Économie Jean-Claude Marcourt (PS), pourtant abonné à ce genre de couleuvres. Pendant ce temps, aux États-Unis, le patron de BMI, Krishnan Suthanthiran, prend des poses de philanthrope, explique à qui veut l'entendre que le profit n'est pas sa priorité, mais bien « de mettre nos produits à disposition du public par une baisse drastique de nos coûts de production ». À d'autres !