Hôpital de Montargis (Loiret) : Une mode du « dégradé » qui passe mal22/08/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/08/une2299.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Hôpital de Montargis (Loiret) : Une mode du « dégradé » qui passe mal

À l'hôpital de Montargis, comme partout dans le pays, de nombreux secteurs sont dépourvus de médecins. Il manque un urologue, un pédiatre, un cancérologue, un urgentiste, un gériatre et un praticien de petite chirurgie. Sans parler bien sûr des manques d'infirmiers, d'aides-soignants et de toutes sortes d'agents dans tous les domaines logistiques, administratifs ou de soins.

Une multitude de patients n'ont pas les moyens de se soigner dans le privé, mais les consultations spécialisées à l'hôpital sont loin d'offrir la possibilité d'être suivi correctement. Par exemple, il faut entre trois à six mois pour une consultation chez l'ophtalmologue. La surcharge de travail du seul stomatologue à temps partiel ne lui permet pas de faire des soins dentaires, mais juste de pratiquer de la chirurgie maxilo-faciale... pour ne pas faire concurrence au secteur libéral, déjà saturé. À temps partiel, il est contraint d'intervenir uniquement pour des extractions ou des abcès dentaires. Ainsi, de nombreuses rages de dent peuvent finalement dégénérer en abcès, avec pour seule possibilité de se faire extraire la dent trop malade !

La direction nous demande dans tous les services de « nous habituer à travailler en mode dégradé ».C'est-à-dire qu'il ne faudrait assurer que les soins strictement nécessaires, en laissant de côté tous les aspects d'éducation à la santé, d'écoute et d'aide psychologique, et ce qu'elle appelle les « soins de confort ».

Ces injonctions passent plutôt mal et personne ne se résoud à accepter de voir s'installer ces dégradations de nos conditions de travail ainsi que les conséquences sur la santé des patients.

La salle d'urgences est le lieu de passage où tout le monde prend le pouls des carences de l'hôpital : salle d'attente archi bondée, files d'attente de plusieurs heures sur des brancards, perte de temps médical à chercher des lits dans des services saturés.

Mais c'est partout qu'il manque de bras et d'agents pour accueillir, orienter, prendre en charge, jusque dans les tâches administratives et logistiques.

La période de canicule met en évidence l'absence de réactivité désastreuse des pouvoirs publics, aussi bien pour les SDF, ou pour les personnes âgées des maisons de retraite, que dans les hôpitaux. L'embauche immédiate pour pallier les pics de surcharge de travail n'est même pas à l'ordre du jour. Leur solution est de faire revenir les agents déjà lessivés par leur semaine. C'est irresponsable et dangereux. Pourquoi ne pas nous proposer de coucher sur place et d'entrer en religion comme dans les hospices d'un autre âge ?

Pire, la direction prévoit dès la rentrée d'autres mesures d'austérité sur les moyens de fonctionnement : encore moins de personnel, chasse aux primes -- c'est-à-dire salaires amputés --, précarité accrue pour certains et conditions de travail plus pénibles pour tous.

Cette politique heurte la quasi-totalité d'entre nous.

La seule chose à souhaiter, c'est que ces restrictions quotidiennes finissent par provoquer une saine explosion de colère.

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