Belgique - l'atome et le profit : Un cocktail malfaisant22/08/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/08/une2299.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Belgique - l'atome et le profit : Un cocktail malfaisant

La centrale nucléaire belge Doel 3 est à l'arrêt depuis début août, après que des « milliers de défauts » ont été décelés dans l'acier inoxydable de la cuve où baigne le combustible nucléaire. Les spécialistes ne savent pas vraiment à quoi correspondent ces défauts. Mais, selon les termes du directeur de l'Agence fédérale pour le contrôle nucléaire (AFCN), « il y en a vraiment beaucoup, et cela nous inquiète ». Ces défauts pourraient éventuellement s'élargir en fissures difficiles à colmater... étant donné les taux très élevés de radioactivité à cet endroit.

Une difficulté supplémentaire, pour comprendre la nature de ces défauts, est que la société hollandaise qui a fabriqué ces cuves dans les années 1970 a fait faillite depuis trente ans. Les experts en sont réduits à fouiller les archives de la ville de Rotterdam, dans l'espoir de mettre la main sur les plans détaillés et les processus de fabrication. Et cette défunte société hollandaise a fabriqué des cuves de réacteurs nucléaires pour de nombreuses centrales en Europe, aux USA et en Amérique latine, où des défauts similaires sont redoutés.

La contradiction évidente entre les nécessités de la sécurité et le manque de fiabilité des entreprises ne s'arrête pourtant pas là. L'opacité et le mensonge règnent à tous les niveaux. Alors que les problèmes de Doel étaient connus depuis juin, l'AFCN a sorti en juillet un rapport « sur l'état de sécurité satisfaisant » du parc nucléaire belge. Mais l'agence doit traiter ce problème avec un groupe privé, Electrabel (filiale de GDF Suez), groupe engagé dans un bras de fer complexe avec le gouvernement belge autour du montant de la rente électrique que la Belgique doit acquitter aux actionnaires.

Une mise à l'arrêt de Doel 3, et peut-être de la centrale de Tihange 2, susceptible de connaître les mêmes problèmes, remettrait en cause les profits attendus par Electrabel, ce qui, en régime capitaliste, ne peut aller sans compensation de la part de l'État, c'est-à-dire avec l'argent public.

Les directeurs de l'Agence fédérale en sont donc réduits à attendre qu'Electrabel fasse « ses propres contrôles et estimations des risques », estimations qui seront établies... par négociation entre les directeurs financiers d'Electrabel et les conseillers du ministre « compétent ».

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