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Immobilier : Des actionnaires s'enrichissent sur le patrimoine public
Lors de la présentation des résultats du premier semestre, le PDG d'Icade a annoncé qu'il distribuerait un dividende exceptionnel de 206 millions d'euros aux actionnaires de la société, soit quatre euros par action, et il a ajouté que ce n'était qu'un début. Ce cadeau provient de la vente de plus de 24 000 logements, situés principalement en Ile-de-France, par Icade à des bailleurs sociaux.
Mais c'est bien à l'État que les actionnaires de la foncière d'Icade peuvent dire merci, car c'est lui qui leur permet de réaliser des dividendes aux dépens des HLM gérées par les municipalités. En 2006, lorsque l'État a décidé de se débarrasser de son patrimoine immobilier social, Icade a alors recentré ses activités sur l'immobilier d'entreprise et amorcé l'abandon de son secteur de logements sociaux.
L'État a permis l'entrée en Bourse d'Icade. En trois ans, le titre d'Icade a été valorisé de 120 %, ce qui a permis à cette société d'évaluer l'ensemble de ses logements à 2,93 milliards d'euros, contre 1,42 milliard d'euros trois ans auparavant. Cette opération spéculative est d'autant plus indécente que le parc immobilier n'a pas été entretenu, qu'Icade l'a laissé vieillir et se dégrader. Par exemple, dans la cité Floréal, gérée par Icade à Saint-Denis, les réseaux d'assainissement sont défectueux et les logements ont un besoin urgent de travaux.
Ce patrimoine a été vendu aux sociétés d'HLM à un prix prohibitif. De nombreux élus locaux dénoncent le fait que les organismes HLM vont payer une deuxième fois des immeubles édifiés avec des fonds publics sur des terrains vendus par les municipalités de l'époque au franc symbolique.
Alors c'est aussi l'État qui, par l'intermédiaire de la Caisse des dépôts dont il reste l'actionnaire majoritaire, récupère une bonne partie de l'argent généré par cette opération. Mais outre que les autres actionnaires privés s'enrichissent grâce à l'argent public, l'État, lui, ne s'engage nullement à utiliser le produit de cette opération pour construire les milliers de logements qui manquent dans le pays. Par contre, les sociétés HLM et les municipalités sont contraintes d'utiliser des fonds initialement destinés à la construction de logements neufs pour racheter un patrimoine immobilier vieilli qu'elles vont devoir rénover.