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Toyota - Valenciennes : Les pertes officielles et la réalité des profits
Depuis le début de la crise, la direction de Toyota-Onnaing (près de Valenciennes) souffle un vent d'inquiétude et annonce des pertes qui vont en augmentant : 44 millions d'euros pour l'exercice d'avril 2008 à mars 2009, 63 millions pour 2009-2010 et elle prévoit une perte de 145 millions pour 2010-2011 !
Ces déficits ont servi de justification au renvoi de tous les intérimaires, à la suppression de l'équipe de nuit, au maintien de cadences élevées ainsi qu'à la forte baisse des primes. Pourtant, le groupe Toyota a dégagé 1,3 milliard d'euros de bénéfice lors de l'exercice 2009-2010. Par quel miracle, si les usines de production sont déficitaires, comme soi-disant celle de Toyota-Onnaing ? En réalité, comme la plupart des grands groupes, Toyota joue sur les prix entre ses filiales, fixés de façon parfois administrative.
C'est ainsi que Toyota-Onnaing est une entreprise indépendante, mais filiale à 100 % du groupe mondial Toyota. Elle vend sa production à l'entreprise indépendante Toyota Europe située en Belgique. Ce sont bien sûr les dirigeants de Toyota mondial qui décident des prix de vente des Yaris produites à Onnaing, achetées par la filiale belge.
D'après les chiffres officiels fournis par Toyota-Onnaing, les Yaris ont été vendues en moyenne à 8 788 euros pièce. Chez les concessionnaires, leur prix varie entre 12 190 euros et 15 300 euros selon le modèle, c'est-à-dire 5 000 euros en moyenne plus cher que le coût de production !
Qui peut croire que les coûts de distribution des voitures peuvent atteindre de tels montants, surtout que la plupart du temps la production est en flux tendu et que les voitures produites sont rapidement vendues. En réalité, une grande part de ces 5 000 euros par véhicule produit contribue aux bénéfices de Toyota mondial. Il aurait suffi que Toyota vende les Yaris sorties d'Onnaing 290 euros plus cher à Toyota Europe pour que l'usine d'Onnaing ne soit plus en déficit.
Mais voilà, Toyota préfère faire des bénéfices en Belgique, où le système fiscal est tel que les impôts se montent à moins de 2 % de ceux-ci, la Belgique étant un véritable paradis fiscal pour les multinationales. Et puis les pertes artificiellement créées à Onnaing sont si utiles pour justifier l'exploitation forcenée imposée au personnel !