« 3 % en moyenne pour les familles », tel est le projet d'augmentation pour le 15 août des tarifs de l'électricité. Une moyenne deux fois supérieure au rythme de l'inflation et qui cache tout un micmac de mouvements, généralement à la hausse.

500 000 foyers, titulaires d'un contrat Effacement jour de pointe, qui permet de payer un peu moins cher l'électricité les jours de faible consommation nationale, en contrepartie d'un tarif nettement plus élevé durant 22 jours de pics annuels, sont par exemple menacés de subir 9 % de hausse. Le gouvernement dément, mais la hausse a bien été envisagée.

À l'intention des usagers, le ministère de l'Énergie emballe la hausse dans des considérations éco-responsables et ajoute qu'EDF a lancé de lourds investissements (8 milliards en 2010), notamment pour le renouvellement de son parc de centrales nucléaires.

En réalité, comme l'a montré le bond des actions EDF à l'annonce de ces prévisions de hausses, le gouvernement sert avant tout les intérêts des grands fournisseurs d'énergie.

Bien que ce marché soit ouvert à la concurrence depuis plusieurs années, EDF, ancienne entreprise publique, reste hégémonique en France. Une nouvelle loi, dite de normalisation du marché de l'électricité, va obliger EDF à vendre à prix coûtant 25 % de sa production d'énergie nucléaire à ses concurrents. Le but officiel est d'accroître la concurrence mais tout en permettant à ces concurrents de faire un bénéfice. L'objectif réel est de faire plus de place aux capitaux privés, en manque de secteurs d'investissement. Cela va se traduire par des hausses du prix de l'électricité, + 25 % d'ici à 2015, selon les propres projections de la Commission de régulation de l'énergie.

La hausse du 15 août n'est donc qu'un début, mais un bon début pour des fournisseurs d'énergie pleins d'ambition et engagés dans de grandes manouvres à l'échelle internationale.

EDF devrait voir son bénéfice brut d'exploitation grandir de 950 millions d'euros sur douze mois. Une bonne nouvelle pour l'entreprise qui connaît des déboires avec son dernier réacteur nucléaire, l'EPR, mais qui est soutenue par le gouvernement dans son projet de prise de contrôle d'Areva et de constitution d'un géant de la filière nucléaire.

Quant à GDF Suez, l'autre géant du secteur, il vient de prendre le contrôle du producteur britannique d'énergie International Poweo, une opération à plusieurs dizaines de milliards d'euros. Et c'est pour ces gens-là qu'il faudrait accepter ces hausses des tarifs de l'électricité !