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- Lutte ouvrière n°2193
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Centrale nucléaire de Cattenom (Moselle) : Après vingt ans de sous-traitance. la porte !
Les 114 travailleurs de Polinorsud, filiale d'Areva, qui travaillent à la centrale nucléaire de Cattenom en Moselle, ont appris début juillet qu'EDF avait choisi deux autres sociétés pour effectuer leur travail à compter du 1er janvier 2011.
Après vingt ans sur le site pour certains, c'est la porte, annoncée, comme le sont souvent les mauvais coups, à la veille des congés. Polinorsud a perdu en même temps le marché de la centrale de Fessenheim.
À Cattenom, les travailleurs se sont mobilisés avec leurs syndicats à plusieurs reprises courant juillet pour dénoncer ce mauvais coup d'EDF. Ils ont débrayé et se sont rassemblés jusqu'à 80 à la porte de la centrale pour crier leur colère contre les choix d'EDF, rencontrant le soutien des travailleurs de la centrale.
Si, comme le prétend la direction EDF, les travailleurs de Polinorsud donnaient toute satisfaction, pourquoi donner le contrat à d'autres sociétés ? Et d'ailleurs, quels sont les liens entre EDF et les entreprises sous-traitantes, quels actionnaires et quels intérêts sont derrière ces brusques changements ? Quelles sont les clauses des contrats entre EDF et les sociétés sous-traitantes ? En ce domaine comme en d'autres, c'est l'opacité la plus totale qui règne.
Si certains des travailleurs de Polinorsud seront sans doute repris par l'une des deux sociétés qui ont obtenu le marché sans avoir le personnel pour l'effectuer, ils ne veulent pas être perdants sur leurs salaires, leurs primes ou leurs conditions de travail. Et puis beaucoup risquent de se retrouver sans travail ou obligés de partir à l'autre bout du pays pour en retrouver.
Ils se sont adressés à la direction de la centrale pour qu'elle revienne sur cette décision, mais en vain, ces appels d'offres ne dépendant pas des directions locales. Cela illustre en tout cas l'attitude d'EDF qui a mis en place l'an dernier avec beaucoup de cinéma un projet de nouvelles relations avec les prestataires appelé Mopia (pour : mettre en ouvre une politique industrielle attractive !). Attractive sans doute pour les actionnaires des uns et des autres, pas pour les travailleurs des prestataires.
Ils sont 22 000 travailleurs de la sous-traitance qui interviennent quotidiennement aux côtés des 20 000 travailleurs d'EDF. Ils sont quasiment tous exposés aux risques professionnels du nucléaire et soumis à une précarité inacceptable à base de CDD, d'intérim, voire de CDI à durée de chantier. Ces travailleurs sont sous le régime de conventions collectives différentes et chaque changement de contrat est l'occasion pour les patrons de rabioter sur les salaires et les conditions de travail. Le tout au détriment aussi de la sécurité, car rentabilité ne rime pas du tout avec sécurité.