Le discours sécuritaire : Une démagogie crasseuse et dangereuse11/08/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/08/une2193.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Le discours sécuritaire : Une démagogie crasseuse et dangereuse

Seuls quelques naïfs impénitents - s'il en reste - et les inconditionnels de Sarkozy peuvent croire, ou faire semblant de croire, que les mesures annoncées à la suite des incidents violents de Grenoble ou de ceux de Saint-Aignan dans le Loir-et-Cher seraient une réponse spontanée et improvisée du gouvernement face à une insécurité grandissante. Il n'en est rien.

Les discours sécuritaires qui se sont multipliés ces temps-ci s'inscrivent dans un scénario calculé, et depuis longtemps marqué par de nombreux épisodes, allant du Karcher, que Sarkozy préconisait « pour nettoyer la racaille des quartiers », au prétendu débat sur l'identité nationale lancé par Besson.

On ne peut certes pas accuser l'équipe gouvernementale d'avoir suscité les événements de Grenoble ou de Saint-Aignan. Mais elle ne laisse passer aucun incident qui lui permette de relancer son cinéma sécuritaire. Sarkozy et Hortefeux avaient à peine donné le signal que la meute des aboyeurs de l'UMP s'est déchaînée, surenchérissant aux propos du président de la République qui annonçait des mesures visant à déchoir de la nationalité française les naturalisés qui s'en prendraient à la vie de policiers et autres détenteurs de l'autorité publique.

En réalité, l'objectif d'un tel projet n'est pas de mieux protéger les agents de la force publique. Il est d'impressionner et d'en rajouter dans l'amalgame entre criminalité, insécurité, et immigration.

Frédéric Lefebvre, porte-parole de l'UMP, s'est empressé d'en remettre une couche, affirmant que 10 % des détenus en prison seraient des étrangers, chiffre tendancieux, démenti par les spécialistes, non seulement ceux qui sont proches de la gauche, mais aussi par ceux se situant à droite. En fait, par ses propos, le gouvernement insinue que chaque étranger que l'on croise est un délinquant potentiel.

Estrosi, ministre de l'Industrie, ne pouvait pas être absent de ce qu'on aurait du mal à appeler un débat : « Français ou voyou, il faut choisir », a-t-il dit. Manifestement, il préfère des voyous « bien de chez nous ». En tout cas, ces porte-voix de Sarkozy n'ont rien à redire contre des délinquants haut de gamme, telle madame Bettencourt qui dissimule en toute impunité ses profits pour qu'ils échappent au fisc, ce qui selon la loi est un délit. Ils n'ont rien à redire non plus contre ces patrons qui licencient en masse.

Ce nouveau rebond dans le discours sécuritaire n'est qu'un rideau de fumée pour faire diversion, destiné à faire croire que Sarkozy serait l'homme à poigne capable d'affronter la situation. Le procédé est d'autant plus efficace que Sarkozy mène le combat contre des épouvantails qu'il a contribué largement à mettre en scène. Pendant ce temps, on parle moins de la crise ou des attaques contre les retraites, pensent les fins stratèges du gouvernement.

Cette diversion n'est pas sans conséquence sur la partie de la population issue de l'immigration, qu'elle dispose ou pas de la nationalité française, que le gouvernement a décidé de mettre au pilori. Elle n'est pas non plus sans conséquence sur ceux qui ont cette nationalité, dont un sur quatre est issu d'une immigration relativement récente. L'opération des Sarkozy, Hortefeux, Lefebvre et compagnie vise à dresser les « imbéciles heureux qui sont nés quelque part », comme le chantait Brassens, contre les nombreux travailleurs issus de l'immigration, et au sein de la classe ouvrière une fraction des travailleurs contre une autre. Cela se traduira non par plus de sécurité, par plus de tranquillité, mais par des tensions accrues. Les boutefeux du gouvernement n'hésitent pas à attiser les flammes si cela leur permet d'espérer gagner leur réélection. C'est sordide et minable.

Mais, à entendre les réactions des travailleurs, beaucoup heureusement ne marchent pas dans cette démagogie et comprennent que le véritable combat à mener est celui des travailleurs contre le gouvernement et sa politique antiouvrière. La manifestation du 7 septembre appelée par les confédérations syndicales, entre autres, peut en être une étape et être l'occasion de se retrouver au coude à coude entre travailleurs de toutes origines.

Et c'est la meilleure réponse à donner à la propagande xénophobe du gouvernement.

Partager