La moitié des Français part en vacances pendant l'été. L'autre moitié n'en a pas les moyens : ce n'est pas nouveau, mais cela empire avec la crise. Les exclus des vacances sont avant tout ouvriers, beaucoup en CDD ou intérimaires, chômeurs, personnes âgées, jeunes de quartiers défavorisés. Car le budget vacances entre de plus en plus en concurrence avec le financement de besoins essentiels, comme la nourriture, l'habillement, la santé, l'éducation. 30 % des enfants environ ne sont pas partis l'année dernière et ne partiront pas cette année.

Les vacances, pour ceux qui partent, mettent en évidence les inégalités croissantes : on constate une progression des locations de logements les moins chères... mais aussi des plus chères, pour la minorité la plus riche. Des commerçants de certaines stations de vacances populaires, comme Le Tréport par exemple, déplorent une baisse d'affluence.

Seuls 20 % de ceux qui partent en vacances s'offrent un séjour à l'étranger, de plus en plus souvent au dernier moment, pour essayer de profiter des offres promotionnelles de dernière minute.

Quant aux vacances des riches, les possesseurs de grandes fortunes, à en croire les articles que leur consacrent des magazines, ont d'autres embarras : les endroits fréquentés par la haute société sont surpeuplés et il n'est plus très facile de trouver un endroit paradisiaque encore tranquille ! Certains ont trouvé une solution en s'achetant carrément une île, comme Mme Bettencourt. D'autres se disputent terrains et villas dans des endroits convoités et à la mode.

Ainsi, sur la presqu'île de Saint-Jean-Cap-Ferrat, entre Nice et Monaco, le mètre carré tourne autour de 45 000 euros en moyenne et le prix d'une villa atteint plusieurs dizaines de millions d'euros. La Villa Fiorentina par exemple, qui appartient à un actionnaire du groupe pharmaceutique Bayer, couvre 2 500 mètres carrés, sur un terrain de trois hectares, avec deux piscines, l'une de mer et l'autre d'eau douce, un port privé, un jardin aménagé par un paysagiste star, avec sculptures végétales, une allée de cyprès jusqu'à la mer, des statues monumentales, etc.

Les villas de la presqu'île appartiennent à de grandes familles, comme les Ferrero (Nutella), Thyssen (métallurgie), Schindler (ascenseurs), Dreyfus (négoce, télécommunications), Marnier-Lapostolle (Grand Marnier), Giraudy (affichage). On y rencontre aussi des patrons du CAC 40 comme Patrick Kron (Alstom) et Carlos Ghosn, le directeur de Renault, des habitués des lieux qui y achètent parfois leur propre villa.

Il n'y a que 500 demeures sur la presqu'île ; et ce beau monde vit entre soi avec « une grande simplicité », d'après un agent immobilier, mais doit se cacher des regards extérieurs avec clôtures, barbelés, hauts murs. Ah ! C'est dur d'être riche !