Fonderies de l'Authion - Les-Ponts-de-Cé (Maine-et-Loire) : La colère est toujours là23/09/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/09/une2147.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Fonderies de l'Authion - Les-Ponts-de-Cé (Maine-et-Loire) : La colère est toujours là

Il y a de cela un an, le 12 septembre 2008, les 90 salariés des Fonderies de l'Authion (aux Ponts-de-Cé, dans le Maine-et-Loire) se mettaient en grève contre un énième plan de licenciements touchant 18 d'entre eux. Chacun se souvient de cette lutte largement médiatisée où les ouvriers, exaspérés par le mépris de leur direction, avaient menacé de faire exploser 13 000 pièces moteur en aluminium amassées dans la cour de l'usine.

La grève dura près de deux semaines, pendant lesquelles les dirigeants de l'entreprise se mirent aux abonnés absents, refusant même de se rendre aux tables rondes proposées par le préfet.

En février 2009, le tribunal de commerce déclarait la mise en liquidation et, en mars 2009, l'ensemble des salariés étaient mis à la porte, avec rien de plus que les indemnités légales : de 10 000 à 20 000 euros, pour les plus anciens. Pourtant, au moment de la grève, les patrons venaient de toucher 700 000 euros de la part de PSA (leur ex-principal client), en dédommagement de son désistement. Ils auraient donc pu, sans problème, satisfaire la revendication des grévistes qui réclamaient 15 000 euros pour chacun des 18 licenciés, et la même somme pour les autres en cas de fermeture définitive du site.

Un an après, la colère est toujours là. Car le groupe Helveticast, adossé à Vista Capital, un fonds d'investissement suisse, n'est pas précisément sur la paille, pas plus que les propriétaires successifs des Fonderies, au premier rang desquels les actionnaires des groupes Valfond et Waeles, ou encore d'UBS, l'Union des Banques Suisses. Mais l'État, au fil des années et des compressions d'effectifs, s'est bien gardé de mettre des bâtons dans les roues à ces spéculateurs et licencieurs professionnels, qui continuent ensuite à sévir ailleurs. Après la liquidation, les pouvoirs publics se sont contentés de mettre en place une cellule dite « de reclassement »... qui, six mois après la fermeture, n'a reclassé en CDI que quatre salariés sur 90 !

Pour l'immense majorité, l'avenir reste donc incertain, mais chacun est fier du combat mené et d'avoir gardé la tête haute. Comme le déclarait récemment un délégué CGT interviewé dans la presse locale : « Si c'était à refaire, je le referais. » Aujourd'hui, les travailleurs licenciés continuent à se rencontrer et ont décidé de fonder une association, pour rester au coude à coude dans ces temps difficiles mais aussi pour envisager une action judicaire contre leur ancien patron.

Pendant leur grève, les travailleurs avaient reçu des messages de soutien de tout le pays et au début de l'année, alors que la liquidation se rapprochait, ils avaient manifesté, les 29 janvier et 19 mars, aux côtés des travailleurs de l'agglomération d'Angers. Pour avoir suivi les grèves chez Continental ou chez New Fabris, ils savent que leur situation ressemble à ce que vivent des milliers de travailleurs en ce moment, et qu'il faudra des luttes collectives d'ampleur, dans les temps qui viennent, pour que la peur change de camp.

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