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Grèce - Élections anticipées : Droite et gauche en piste pour une même politique
Le premier ministre grec, Costas Caramanlis, chef du parti de droite, la Nouvelle Démocratie, a annoncé début septembre des élections législatives anticipées pour le 4 octobre prochain. La raison officielle pour provoquer ces élections à mi-mandat est la nécessité de se refaire une majorité conséquente - elle n'est pour le moment que d'une voix, 151 députés sur 300 - pour prendre les rudes décisions économiques que le gouvernement veut imposer.
Caramanlis dit aussi vouloir couper l'herbe sous le pied au principal parti d'opposition socialiste, le Pasok, qui souhaitait des élections anticipées en 2010 et aurait, selon le chef du gouvernement, déstabilisé la Grèce en la plongeant pendant six mois dans une atmosphère de campagne électorale. Bref, il ne s'agirait rien de moins que de sauver le pays !
Caramanlis, dans son discours de rentrée à la foire internationale de Thessalonique, a annoncé les mesures qu'il compte prendre et en particulier le gel des embauches, des retraites et des salaires dans le secteur public ainsi que l'instauration d'une nouvelle grille des salaires pour les fonctionnaires nouvellement embauchés. À cette réduction des dépenses, il prétend ajouter une lutte contre la fraude fiscale et des réformes de structure.
En face, Georges Papandréou, chef de file du Pasok, promet d'aider les PME et les petits salariés, de lutter contre la hausse des prix, d'aider les ménages surendettés, de rendre transparents les marchés publics et de créer des emplois sociaux. Il ajoute tout de même qu'il faudra bien accorder des subventions aux patrons pour les inciter à créer des emplois et, avec tout cela, baisser les dépenses publiques...
Les accusations de populisme et de clientélisme fusent de tous côtés. Cela ne manque pas de sel quand on sait que les familles Caramanlis et Papandréou et leurs amis se succèdent au pouvoir depuis des décennies pour appliquer, une fois au gouvernement, une politique semblable de soutien au patronat et d'attaques contre les travailleurs.
Le gouvernement Caramanlis a vidé les caisses, entre autres pour subventionner (28 milliards) les banques prétendument en difficulté. Il a pioché dans les fonds de la Sécurité sociale et des retraites au point qu'il lui manque presque cinq milliards d'euros. Il ne sait comment payer la prime de départ en retraite des fonctionnaires et les hôpitaux sont en faillite. Juste avant les vacances, il a décidé d'une rafale d'augmentations de certains impôts : taxe foncière, taxe sur les téléphones portables, etc. Il a multiplié les privatisations et les attaques contre les retraites.
Aujourd'hui, le chômage est officiellement de 8,6 % mais la confédération syndicale du secteur privé GSEE le chiffre à 15 %. Officiellement, 22,9 % des jeunes sont au chômage et 12,4 % des femmes. Le salaire minimum est de 680 euros net mais tous les travailleurs, précaires ou à temps partiel, ne le touchent pas et le coût de la vie est presque aussi élevé que dans les pays d'Europe plus développés. Selon GSEE, les prix grecs moyens représentent 94 % des prix moyens européens. Les émeutes de décembre ont bien montré à quel point les jeunes et les travailleurs vivaient des situations de plus en plus difficiles.
Les événements de décembre, les incendies récents qui ont révélé l'incapacité du gouvernement à appliquer les mesures promises il y a deux ans lors des incendies catastrophiques dans le Péloponnèse et sa complaisance pour les promoteurs récupérant les terres dévastées, ses compromissions dans toutes sortes de scandales, tout cela vaudra peut-être un échec à Caramanlis. Mais le Pasok, en avance de six points selon les sondages, n'a vraiment rien d'autre à proposer aux travailleurs. Jusqu'en 2004, c'est lui qui a mis en oeuvre la politique d'austérité, les privatisations, les premières attaques contre les retraites, la dégradation des services publics, en particulier dans la Santé.
La seule perspective de changement, en Grèce comme ailleurs, les travailleurs la trouveront par leurs luttes.