Mercredi 16 septembre, après deux jours de grève, les 33 travailleurs d'Europfil de La Ferté-Macé ont reçu leur paye d'août correspondant à leurs congés payés en même temps que les 54 salariés de Lisieux dans le Calvados. Mais ils ont appris également que l'entreprise a été placée en redressement judiciaire pour six mois.

Europfil est une entreprise industrielle spécialisée dans l'aménagement de magasins, les équipements de centres hospitaliers et d'établissements scolaires. Au regard de l'effectif de la société, on pourrait croire qu'Europfil est une de ces petites et moyennes entreprises sous-traitantes de grands donneurs d'ordre qui réduisent leurs commandes. C'est en tout cas ce que la direction d'Europfil aimerait que les travailleurs croient. Mais la réalité est différente.

Europfil fait partie d'un regroupement de vingt sociétés aux activités multiples organisées en cinq pôles et contrôlées par une société financière elle-même contrôlée par une seconde. Au total le Groupe Armatea Développement chapeaute 26 sociétés avec un effectif global de 770 personnes. Un tel montage financier a un seul objectif : permettre à la petite poignée d'actionnaires qui contrôlent l'ensemble de tirer le maximum de profits de l'activité de chaque société sans avoir à engager leur responsabilité en cas de restructuration d'une des sociétés. Et les restructurations, les dirigeants du groupe ne s'en sont pas privés puisqu'entre 2004 et 2007, les effectifs totaux sont passés de 1 148 à 777. En 2007, trois entreprises ont été fermées et une vendue.

Alors les travailleurs d'Europfil, et tous ceux du groupe, n'ont aucune raison d'accepter les retards de salaire et les menaces sur l'emploi. De l'argent, il y en a, dans les sociétés financières et sur les comptes de leurs principaux actionnaires.