Allemagne : Un bilan catastrophique pour les travailleurs23/09/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/09/une2147.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Allemagne : Un bilan catastrophique pour les travailleurs

La campagne pour les élections du 27 septembre est bien engagée en Allemagne. Cela fait quatre ans que, à la suite des législatives précédentes, la droite (l'Union Chrétienne-Démocrate - CDU) et la gauche (le Parti Social-Démocrate - SPD) dirigent ensemble le pays.

Les deux partis ont bien sûr gouverné au profit des possédants. Et lorsque la crise économique a éclaté, ils se sont empressés de verser des centaines de milliards d'aides de toutes sortes aux banques et aux grandes entreprises. De ce point de vue la « grande coalition » a très bien fonctionné.

Pour les classes populaires, en revanche, le bilan est catastrophique. Elles connaissent une pauvreté aggravée, dont un des signes les plus visibles est l'extension des « Tafel », ces Restos du coeur à l'allemande. Le chômage est reparti à la hausse, et s'il atteint aujourd'hui officiellement les 3,5 millions, il y a bien plus près de 5 millions de chômeurs réels, si l'on tient compte de toutes les catégories qui, comme en France, ne sont plus comptabilisées. Sans compter la généralisation du chômage partiel dans de très nombreuses entreprises. À cela s'ajoute le scandale des bas salaires. Une étude récente de l'université de Duisbourg-Essen indique ainsi que 21,5 % de l'ensemble des salariés travaillent dans le secteur des bas salaires (inférieurs à 9,19 euros brut de l'heure en moyenne alors que le salaire moyen se situe à peu près au double de ce niveau).

Aucun des deux grands partis, qui dominent la vie politique depuis des décennies, ne propose quoi que ce soit d'un peu concret pour remédier à cette situation.

Le SPD, qui s'inquiète de la nouvelle claque électorale que lui prédisent les sondages, n'a pas grand-chose à dire aux classes populaires. Il parle d'un salaire minimum (qui n'existe pas en Allemagne sauf dans de très rares secteurs comme le bâtiment) à 7,5 euros (alors qu'il est de 8,82 euros dans la France de Sarkozy !) ou de relever de 45 à 47 % le taux d'imposition pour les contribuables dont le revenu annuel dépasse 125 000 euros (alors qu'au moment de l'arrivée au pouvoir du chancelier social-démocrate Schröder en 1998, le taux maximal était de 53 % !). Et le candidat que s'est choisi le SPD, Frank-Walter Steinmeier, un des principaux responsables du plan Hartz IV d'attaque contre les chômeurs mis en place par Schröder en 2005, a le culot d'annoncer le plein emploi... pour 2020.

De son côté, la CDU de la chancelière Angela Merkel ne promet rien si ce n'est une baisse des impôts de 15 milliards, mais sans préciser quand ni comment, et donc qui y gagnera vraiment quelque chose. En réalité elle n'a pas besoin de faire de promesses. L'électorat conservateur va voter pour elle de toute façon. Et elle espère que le discrédit du SPD auprès de l'électorat populaire fera le reste.

Il est vrai qu'une partie de cet électorat se tourne désormais vers Die Linke, le parti de gauche formé par des dissidents du SPD et les membres du PDS, une formation issue de l'ancien Parti Communiste de l'Allemagne de l'Est. C'est ce qu'ont montré les résultats importants obtenus par Die Linke lors des élections régionales, qui ont eu lieu le 30 août dernier dans plusieurs Länder. C'est au moins le signe qu'une partie des travailleurs ne font plus confiance à la CDU bien sûr, ni au SPD. Reste que, pour arrêter les coups qui pleuvent contre eux, d'éventuels succès électoraux de Die Linke ne suffiront pas.

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