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- Lutte ouvrière n°2147
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Dans les entreprises
Renault Cléon (Seine-Maritime) : - Le chômage partiel au profit des patrons
L'usine Renault de Cléon produit des moteurs et des boîtes de vitesses pour une partie des véhicules de la marque. La production de l'usine a baissé sans que cela ne change rien à la recherche permanente d'une productivité maximum, au détriment des conditions de travail des ouvriers.
La baisse de la production à l'usine s'est faite en deux temps. Dès la fin de l'année 2007, et au début de 2008, avec les hausses très importantes du prix du carburant, les ventes des moteurs produits à Cléon ont reculé, d'autant que ceux produits à l'usine sont de gros moteurs diesel surtaxés. Puis, un deuxième recul s'est produit avec l'éclatement de la crise et le recul des ventes.
Les premiers touchés ont été, comme à l'accoutumée, les intérimaires, dont les contrats n'ont pas été renouvelés. Dès juillet 2008, il n'y avait presque plus d'intérimaires. Des centaines de jeunes se sont vus ainsi licenciés, et sont allés rejoindre les rangs des chômeurs. Puis plusieurs dizaines de prestataires de services ou de travailleurs d'entreprises sous-traitantes ont vu leur contrat stoppé net.
Dans le même temps, la direction a puisé très largement dans les RTT, une façon de faire payer aux travailleurs la baisse de production avec leurs congés.
Puis, à partir de novembre 2008, est arrivé le chômage partiel. D'abord dans les secteurs de production, puis dans les bureaux qui se sont vu également imposer des jours de chômage de façon régulière, une fois par semaine aujourd'hui avec des vendredis « usine fermée ».
La situation n'est pas rigoureusement identique pour toute l'usine. Chaque bâtiment, chaque atelier a été touché de façon un peu différente. Mais en moyenne, les travailleurs de production ne travaillent que trois jours par semaine... Cela depuis maintenant presque un an. Dans quelques ateliers, certains postes de travail sont même tenus par deux salariés en rotation une semaine sur deux. Ils sont alors la moitié du temps au chômage.
Car il ne faudrait pas croire que lorsqu'il y a du chômage partiel, la production ne sort pas. En fait, très souvent, la direction ne met qu'une partie de l'atelier au chômage, laissant à ceux qui sont présents le soin d'assurer la production. La flexibilité et la productivité, le « rendement opérationnel », comme ils disent, ont ainsi augmenté de façon importante.
De plus, le chômage partiel étant pris en charge en très grande partie par l'État et les Assedic, l'entreprise fait de grosses économies. Cet été même, une partie de nos congés déclarés jours chômés ont été payés par les Assedic avec l'argent de nos impôts et de nos cotisations donc.
Depuis la rentrée des congés, il y a même des heures de formation obligatoires... durant les jours chômés. C'est encore les Assedic qui nous payent pour aller à l'usine, où on nous apprend à produire de façon plus efficace.
Bien évidemment, l'État ferme les yeux sur toutes ces petites combines patronales et donne même sa bénédiction à la direction de l'établissement pour l'aider à passer cette crise... pas si difficile pour elle !