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Dans les entreprises
Thomson - Rennes (35) : Acquisitions, fusions, restructurations... exploitation!
Le groupe Thomson est lancé depuis plus de dix ans dans un vaste jeu d'acquisitions, de fusions et aussi de ventes d'entreprises. Ces opérations sont, le plus souvent, le prétexte à des restructurations avec diminution d'effectifs, que ce soit à travers des départs en préretraites, des reclassements, voire des licenciements, quitte à réembaucher ensuite de nouveaux salariés, bien évidemment sur la base de salaires ou de contrats moins favorables.
Ventes d'usines,par morceaux
Le dernier gros changement a été l'abandon de la fabrication de téléviseurs qui a été confiée à une société dite chinoise, TCL, dont Thomson contrôle en fait 30% du capital. L'usine d'Angers, principale usine de production de téléviseurs, a été découpée en plusieurs morceaux qui ont été vendus à TCL ou à des sous-traitants. Les effectifs ont fondu de moitié. Cela s'est fait grâce à des mutations forcées dans les sociétés sous-traitantes et aussi grâce à de nombreux départs en préretraite, en partie financés par de l'argent public.
Thomson applique la même politique à l'usine de Genlis en Bourgogne, en réduisant les effectifs et en cherchant à la vendre morceau par morceau. L'usine voisine d'Auxonne a été fermée et celle de Bagneaux-sur-Loing près de Fontainebleau, qui fabriquait les dalles de verre des tubes cathodiques, a été vendue à un fabricant de pare-brise. Là aussi, l'opération s'est traduite par des suppressions d'emplois, tout comme à Brest, où c'est un atelier de fabrication de cartes électroniques qui a été vendu à la sous-traitance.
Thomson n'hésite pas non plus, après avoir racheté et restructuré une entreprise (souvent en y ayant supprimé des emplois), à se séparer ensuite des morceaux qu'il juge non rentables, voire même à réaliser de belles opérations financières. Un bel exemple est le rachat de Canal Plus Technologies en 2002, dont Thomson a gardé le portefeuille de brevets et qu'il a revendu en deux morceaux l'année d'après, réalisant au passage un confortable bénéfice de 110millions d'euros. La branche ADSL d'Alcatel, rachetée en 2002, a aussi été victime de cette politique, en particulier un petit laboratoire rennais fermé en 2003 juste après avoir fini la mise au point de modems ADSL que Thomson a commercialisés ensuite.
Restructurationsà Rennes
À Rennes, Thomson possède un gros centre d'études et un centre de production. Eux aussi ont subi ces dernières années cette politique de restructuration permanente. Le centre de production a dû arrêter la production de caméras de studios, suite au transfert de cette activité dans une usine hollandaise rachetée au groupe Philips en 2001. Plusieurs dizaines de salariés ont été sommés de se reconvertir. Le centre de production a été réorienté vers la fabrication de cartes électroniques et en 2004 la direction de Thomson a cherché à le vendre à Célestica, une société de sous-traitance électronique. Mais elle s'est heurtée à une résistance des salariés et a finalement renoncé à son projet. Le centre d'études a, lui aussi, connu un plan de licenciements en 2003. Là aussi, la résistance des salariés a permis de limiter la casse puisque seuls des départs volontaires ou en préretraites ont eu lieu. Cependant les mauvais coups continuent et la direction vient de fermer deux services car leur activité est jugée "non prioritaire". Le personnel a été obligé de chercher une place dans les autres services.
Austéritépour les salaires...
Aujourd'hui, Thomson figure en bonne place dans le "pôle de compétitivité" breton "Images et réseaux" et compte bien recevoir des subventions publiques à ce titre. Les effectifs, que ce soit en production ou en études, sont repartis à la hausse. Mais la direction privilégie les contrats en régie avec des sociétés de sous-traitance informatique et d'intérim, au point qu'il y a, aujourd'hui, plus d'intérimaires à la production que de travailleurs en contrat à durée indéterminée. Cela permet bien sûr d'ajuster en permanence les effectifs. Et les économies sur les salaires sont importantes, car, globalement, les jeunes embauchés (que ce soit à travers l'intérim ou la sous-traitance informatique) reviennent moins cher que les anciens qui sont partis en retraite ou lors des restructurations. Cela est encore plus vrai pour les quelques embauches qui se font en CDI.
La direction économise aussi sur la masse salariale en maintenant un quasi-blocage des salaires depuis des années. Et c'est aussi dans le but d'économiser sur la masse salariale qu'elle cherche à délocaliser certaines activités là où les salaires sont plus faibles, comme par exemple en ce moment une grosse partie du test et de la validation vers son centre d'études de Pékin. Par ailleurs, dans les laboratoires ou les ateliers, c'est bien souvent la croix et la bannière pour obtenir le feu vert pour l'achat de matériel, de logiciels ou de fournitures nécessaires à notre activité quotidienne. La direction lance régulièrement des programmes d'économies, qu'elle baptise "Spring" et que certains rebaptisent "String".
...mais pas pourles actionnaires
À l'autre bout, les bénéfices n'ont pas manqué pour Thomson ces dernières années. À tel point que la direction n'a pas hésité à dépenser plusieurs centaines de millions d'euros à racheter une partie de ses propres actions pour les détruire, espérant ainsi en faire monter le cours. Les actionnaires ont bénéficié de versements de dividendes, y compris en 2005 où pourtant la comptabilité de l'entreprise n'indiquait pas de bénéfice, des sommes importantes ayant été réservées aux restructurations à venir. La direction n'hésite pas non plus à dépenser de grosses sommes pour ses opérations financières (par exemple plus d'un milliard d'euros en 2001 et 2002 pour le rachat de Technicolor, une société spécialisée dans le montage des films de cinéma et l'édition de DVD, secteur jugé rentable à l'époque).
Les dirigeants de Thomson démontrent chaque jour qu'ils n'ont pour but que de saisir toutes les occasions pour se "positionner" sur le créneau le plus rentable pour satisfaire au mieux l'appétit des actionnaires.