Il était prévu 32 enfants en moyenne par classe en maternelle à l'école Félix-Éboué de Créteil! Mais ainsi, avec 128 inscrits pour quatre classes, il aurait été impossible d'accueillir dans de bonnes conditions les tout-petits, les enfants en grande difficulté ou handicapés ou non francophones. C'était inacceptable, ont jugé les parents d'élèves et les enseignants.

En fait cette situation était prévisible depuis des mois. Une pétition avait circulé dès le mois de mai pour demander l'ouverture d'une cinquième classe pour la rentrée 2006. Mais l'inspecteur d'académie avait alors renvoyé la question à la rentrée en annonçant qu'il y aurait un "constat de rentrée" le 4 septembre, à partir d'un comptage des enfants effectivement présents ce jour-là: il espérait sans doute que les absents feraient descendre la moyenne en dessous du seuil des 30 enfants par classe, chiffre à partir duquel il est possible de demander l'ouverture d'une classe supplémentaire.

L'information avait donc circulé pour que tous les enfants soient présents dès le lundi de rentrée ou, en cas d'impossibilité, pour qu'une lettre soit fournie indiquant le jour d'arrivée de l'enfant. Un rassemblement devant l'école était aussi prévu.

Le jour dit, bien avant l'heure, tous les enfants étaient là ou dûment excusés, y compris une gosse qui avait 39° de fièvre, et des jumeaux qui devaient rentrer le vendredi, mais dont les mamans avaient tenu malgré tout à apporter la lettre signée.

Trente-cinq parents restèrent pour accueillir l'envoyé de l'inspection académique, qui se fit attendre. À l'issue de sa visite, ce dernier déclara qu'il était en accord avec les parents présents sur les chiffres et qu'il transmettrait en plus à l'inspection académique un "rapport d'ambiance" expliquant qu'il avait vu une trentaine de parents mobilisés et des banderoles

Le lendemain matin, tous les parents apprenaient, avec de grands sourires de satisfaction, l'ouverture d'une cinquième classe: "on a gagné", et "si on n'avait rien fait, on n'aurait jamais obtenu l'ouverture de cette classe", étaient les réflexions qui venaient spontanément.