Le nombre d'expulsions de locataires, exécutées avec le concours de la force publique, est toujours en augmentation. Entre 1999 et 2005, leur nombre a presque doublé: il est passé de 4866 à 8850, soit un peu plus d'une expulsion par heure!

Et l'année 2006 risque bien de voir ce bilan s'aggraver car les préfets accordent de plus en plus facilement l'intervention de la police pour l'exécution des décisions de justice. Le journal Le Monde rapportait ainsi, courant août, que 895 autorisations d'expulsions avec recours à la force publique ont été délivrées dans le département du Val-de-Marne pour le premier semestre 2006... soit un nombre pratiquement égal à celui de l'ensemble de l'année 2005.

Lorsqu'un jugement d'expulsion a été prononcé et que les occupants refusent de partir, bien souvent parce qu'ils n'ont nul endroit où aller, le propriétaire peut demander à l'État de faire appliquer la décision. Il arrive cependant que, pour des raisons humanitaires ou autres, les préfets refusent (ou repoussent) l'intervention de la police. Dans ce cas, l'État est contraint de payer une indemnité au propriétaire en remboursement des loyers non perçus. Entre 2000 et 2005, la somme consacrée à ces indemnités s'est accrue de 60% pour atteindre 77,5 millions d'euros. Des chiffres significatifs, qui témoignent à leur façon des graves difficultés de logement auxquelles sont confrontées bien des familles populaires.

Or, en octobre dernier, Nicolas Sarkozy a adressé aux préfets une circulaire, dans laquelle il leur demande de faire des économies sur les indemnités versées aux propriétaires. Voilà, entre autres, pourquoi le nombre d'expulsions explose.

Mais cela ne va nullement empêcher le gouvernement de continuer à prétendre que l'économie va mieux, que les hausses de prix ne sont qu'illusions, que le chômage diminue, etc.