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- Lutte ouvrière n°1989
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Leur société
La Banque de France "déconcertée" par le comportement des capitalistes
Le pourcentage des investissements réalisés par les groupes capitalistes par rapport au produit intérieur brut de l'ensemble des pays du G7 "se situe à son plus bas niveau depuis des décennies". C'est ce que constate la Banque de France dans une synthèse caractérisant le "déséquilibre mondial" entre les profits phénoménaux réalisés par les capitalistes des grandes puissances membres du G7 et le faible niveau de leurs investissements productifs.
L'étude signale qu'en 2005 les multinationales ont mis en circulation sur les marchés financiers 1300 milliards de dollars, somme considérable, bien supérieure au légendaire déficit des États-Unis.
Mais ces énormes liquidités que le FMI chiffre à 9% du bilan total des sociétés ne servent en fait qu'à alimenter le marché spéculatif, où les capitaux ne se déplacent qu'en fonction d'une rentabilité immédiate, afin de satisfaire au plus vite les actionnaires. Ces opérations sont si alléchantes que les grandes sociétés choisissent parfois d'emprunter de nouveaux capitaux afin de pouvoir réaliser des "fusions-acquisitions", par exemple.
La "très forte rentabilité" dont la plupart des groupes font preuve, a un revers, payé par les travailleurs qui vivent au quotidien les suppressions d'emplois, les baisses des masses salariales, pendant que la courbe des profits continue de grimper. Ils en sont à la source. Non seulement ces milliards accumulés par la classe capitaliste ne servent pas à développer les capacités de production des usines ou à multiplier les services utiles à tous ni à alléger la peine des travailleurs mais, quand une entreprise annonce de vrais investissements, elle peut se voir sanctionner par la Bourse. Cela fut récemment le cas de l'opérateur téléphonique et fournisseur d'accès internet Free, qui après avoir annoncé un milliard d'euros d'investissements, sur les six ans à venir, dans un réseau de fibres optiques, a aussitôt perdu 12% sur le cours de ses actions.
La synthèse de la Banque de France conclut que cette situation "surprenante" n'est peut-être que temporaire, tablant sur une meilleure utilisation des capacités de production, "dans l'hypothèse d'une hausse rapide de la demande globale"... ce qui ne saurait être envisagé dans l'état actuel du pouvoir d'achat des travailleurs des pays riches.
Dans une conclusion "moins optimiste", l'étude avance d'autres explications: les "incertitudes géopolitiques", et en particulier le prix du pétrole, les délais dans l'ajustement des taux de change entre monnaies et la "menace du protectionnisme" qui rendraient les investisseurs éventuels timides.
Le constat est peut-être "déconcertant", pour les analystes de la Banque de France, mais surtout consternant et révoltant pour ceux qui vivent, et de plus en plus mal, de leur travail.