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Dans le monde
Produits toxiques en Côte-d'Ivoire : Les précédents ne manquent pas
La catastrophe d'Abidjan n'est pas la première qui illustre le mépris des groupes industriels occidentaux vis-à-vis des populations des pays du Tiers Monde.
Ainsi, en 1969, le trust américain Union Carbide avait choisi d'implanter une usine fabriquant du pesticide à Bhopal, en Inde. Dans la nuit du 2 au 3 décembre 1984, celle-ci explosa, déclenchant une catastrophe industrielle parmi les plus meurtrières de l'histoire. Le nuage toxique créé par l'explosion entraîna la mort de 16000 à 30000 personnes et fit 500000 blessés ou intoxiqués. Plus de vingt ans après, le site n'est toujours pas dépollué, en revanche plusieurs centaines de personnes continuent à mourir chaque mois des suites de cette catastrophe.
En 1981, le même trust avait déjà été mis en cause pour avoir exposé à du mercure 402 employés d'une de ses usines indonésiennes.
Ces pratiques mettant en danger la vie des populations locales ont été récemment étalées avec l'affaire du Clemenceau, ce porte-avions que l'armée française voulait faire désamianter en Inde. Certes, le gouvernement indien a refusé que ses ports accueillent le Clemenceau, mais combien d'autres navires bourrés d'amiante, de déchets toxiques, voire contaminés par des produits radioactifs viennent s'échouer chaque année sur les plages indiennes pour y être démantelés, sans aucune précaution pour la santé des travailleurs?
On peut également mentionner la pollution qu'engendrent les trusts pétroliers sur terre et dans la mer. Cette pollution quotidienne, si elle n'est pas aussi spectaculaire que le naufrage d'un tanker, n'en est pas moins lourde de conséquences pour les populations environnantes. Ainsi au Nigeria où les plates-formes off-shore pullulent, les populations côtières se plaignent de la pollution de la mer et de la disparition du poisson qui constitue l'essentiel de leur alimentation. De même, la construction d'un oléoduc reliant des champs pétroliers situés dans le sud du Tchad au terminal de Kribi au Cameroun a engendré une grave pollution et perturbé l'environnement tout le long de son tracé. Avec beaucoup de cynisme, le président du groupe Exxon, qui dirige le consortium chargé de la construction et de l'exploitation de cet oléoduc, déclarait que les pays pauvres ne peuvent se permettre le luxe de la protection de leur environnement, au risque de voir les investissements se diriger vers d'autres pays!
Autrement dit, aux trusts tous les bénéfices, et aux populations tous les risques.