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Dans les entreprises
Peugeot (Poissy-Yvelines) : Le scandale de l'intérim
La direction de l'usine Peugeot à Poissy vient d'être condamnée par le tribunal des Prud'hommes de Nanterre à requalifier en contrat à durée indéterminée (CDI) le contrat de travail de deux ouvriers en intérim depuis 18 mois. Elle doit verser à chacun une indemnité de 14652 euros (96000 F) pour licenciement abusif. C'est plus que les 8000 euros qu'elle leur proposait discrètement pour éviter le procès. Les deux ouvriers n'ont pas accepté son chantage et ont choisi de la faire condamner publiquement.
Au dernier comptage, 1091 intérimaires travaillent à Poissy. Dans certains secteurs on compte 30% de postes occupés par les intérimaires. La direction affirme qu'elle utilise l'intérim "pour répondre à des augmentations temporaires de la production ou pour suppléer à des absences". Mais la vérité, c'est que les dizaines de postes sont occupés en permanence par des intérimaires. Ils se succèdent avec des contrats souvent de 17 mois, car la direction fait bien attention de ne pas atteindre la durée légale maximum de 18 mois pour toute mission d'intérim.
A Poissy, la production ne cesse d'augmenter: près de 40% entre 2000 et 2002, alors que dans le même temps les effectifs en CDI ont baissé de 3% (- 166). Le 31 mars dernier, la production a encore été augmentée de 5 voitures par équipe et par système, soit 25 voitures de plus par jour. Voilà pourquoi l'emploi d'intérimaires est si important à Poissy, comme d'ailleurs dans toute l'industrie automobile. Et malgré ses discours et même les accords qu'elle signe avec des syndicats complaisants, la direction n'embauche pas, ou si peu: 49 depuis le début de l'année. Avec les départs en préretraite, il y a de moins en moins d'effectifs en CDI en production.
Alors ce n'est même pas "d'emploi abusif de l'intérim" qu'il faut parler, comme le fait le tribunal dans son jugement, mais bien en fait d'un système institutionnalisé qui concerne près d'un ouvrier sur sept en production. Ce système masque les réductions progressives d'effectifs en CDI et instaure la précarité de l'emploi comme une pratique habituelle, qui pèse sur tous les ouvriers. Mais ce jugement rappelle en tout cas que ces pratiques, scandaleuses, sont en plus illégales. C'est un encouragement pour tous les travailleurs à les contester et à les combattre.