13 mai, préparer la riposte du monde du travail08/05/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/05/une1814.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

13 mai, préparer la riposte du monde du travail

En matière de retraites, et malgré la volonté affichée de concertation et la multiplication des réunions avec les organisations syndicales, les ministres des Affaires sociales et de la Fonction publique ont présenté un projet qui avait déjà l'air tout ficelé, frustrant ainsi les dirigeants syndicaux d'une "véritable" négociation. Même la CFDT, qui a pourtant défendu avec le plus d'ardeur la nécessité pour les travailleurs d'accepter des sacrifices et qui n'avait pas voulu appeler à la journée du 3 avril dans l'attente des propositions du gouvernement, s'est sentie bien mal récompensée. Toutes les centrales syndicales ont donc décidé d'appeler à la grève interprofessionnelle et aux manifestations du 13 mai.

Tout en réaffirmant qu'il "n'acceptera pas le blocage d'une réforme qui concerne l'avenir des Français et donc de la France", le Premier ministre a déclaré qu'il "voit les manifestations, écoute les slogans, lit les pancartes" et, sans doute pour tenter de calmer le jeu, il s'est engagé à ce que "les syndicats qui ont une attitude constructive pour la réforme des retraites soient écoutés jusqu'au dernier moment". De fait, quelques aspects, secondaires aux yeux du gouvernement, du projet préparé par François Fillon pourraient, par exemple concernant le mode de calcul des retraites des fonctionnaires, sans que cela ait une grande incidence.

De même, pour faire plaisir à la CFDT, Fillon n'a pas dit non à la proposition de Jacques Barrot de porter à 80% du SMIC, au lieu de 75%, la pension des smicards qui ont une carrière complète. Il n'a pas dit oui non plus. Mais en tout état de cause, il est indigne de consacrer une dégradation du niveau de vie au moment de la retraite, en particulier pour ceux qui touchaient un salaire faible.

Le gouvernement serait aussi décidé à diminuer la décote pour les annuités manquantes dans le secteur privé. Elle passerait de 10% actuellement par année manquante à 6% -ce qui est déjà considérable- en 2009! D'ici là le gouvernement Raffarin ne sera plus là pour appliquer la promesse, mais en attendant c'est aux fonctionnaires qu'il veut appliquer une décote atteignant 3% puis 6%, une mesure inique qui fait payer un prix démesurément lourd pour chaque annuité manquante!

Raffarin a déclaré aux députés de l'UMP qu'il comptait sur eux "pour améliorer le texte" mais "pour soutenir la logique d'équilibre". Bref, les concessions qui ne coûtent pas grand-chose sont envisageables, mais pas les autres.

Le gouvernement essaiera peut-être d'amadouer les dirigeants syndicaux en faisant ainsi mine de les avoir écoutés. Mais la marge que le gouvernement s'est donnée n'est manifestement pas suffisante pour que son projet soit acceptable par les travailleurs, sauf à accepter une nouvelle dégradation de leurs conditions d'existence.

Mais quel que soit le petit jeu auquel se livrent le gouvernement et les confédérations syndicales, il faut que la réaction du monde du travail soit massive le 13 mai. Il faut que cette journée soit un encouragement à ne pas lâcher prise, à élargir et approfondir la protestation, et à reconstruire enfin un rapport de forces qui soit favorable à la classe ouvrière. C'est bien ce que craint le gouvernement: d'être obligé de remballer son projet, comme Juppé en 1995. Il ne faut surtout pas le décevoir.

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