Retraites : Le grand mensonge des chiffres08/05/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/05/une1814.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Retraites : Le grand mensonge des chiffres

Propagande et mensonges ne connaissent pas de cesse, invoquant de prétendues "nécessités économiques" qui rendraient "impossible" l'alignement des retraites par le haut et non par le bas.Le maître mot du Medef, comme du gouvernement, serait le prétendu "choc démographique". Comme, prétendent-ils, la population va vieillir dans les années à venir, si l'on conserve la même durée de cotisations pour pouvoir bénéficier d'une retraite à taux plein, il y aura de moins en moins d'actifs pour cotiser pour des retraités qui, eux, seront de plus en plus nombreux.

Présenté de cette manière, cela semble relever du bon sens. Sauf que cette argumentation est tout à fait tendancieuse.

Selon les spécialistes de la question, et pour autant qu'on puisse savoir ce qui se passera dans 37 ans, en 2040 il y aurait deux inactifs (retraités ou jeunes) pour un actif, contre 1,6 inactif pour un actif aujourd'hui.

Cette évolution, étalée sur quarante ans, serait-elle catastrophique? Pas du tout. Mais pour la faire apparaître comme telle, on utilise un tour de passe-passe, en escamotant certains facteurs... et pas des moindres.

Ce sont certes les travailleurs actifs qui produisent les richesses sociales, qui permettent à la collectivité de disposer des moyens d'existence. On voudrait nous faire croire que la capacité des actifs à assurer une retraite correcte aux vieux travailleurs ne dépend que du rapport numérique entre actifs et retraités.

C'est passer sous silence d'une part que les richesses produites croissent d'année en année (par l'augmentation de la productivité). D'autre part et surtout, c'est omettre le fait que les retraités ne sont pas les seuls à vivre sur ce gâteau sans travailler. Il y a aussi et d'abord les capitalistes, qui en prélèvent une part de plus en plus lourde: 30% il y a vingt ans, 40% aujourd'hui, selon les chiffres officiels.

En raisonnant sur les niveaux actuels de retraites, le financement des futurs retraités supposerait d'y consacrer des gains annuels de productivité de 0,56% par an d'ici 2040. Or, même en période basse, la productivité augmente au minimum de 1,5 à 2% par an. Il y a donc largement non seulement de quoi préserver les retraites, mais aussi de quoi augmenter les salaires!

Et cela, sans même compter les sommes faramineuses prélevées aujourd'hui par la bourgeoisie, et le gâchis que représente l'existence d'un chômage massif et permanent.

Le scénario du Medef et du gouvernement est tout autre. En fait, ils considèrent que l'intégralité des gains de productivité à venir doit revenir à la bourgeoisie et exclusivement à elle. Du coup, la part laissée aux salariés (actifs et inactifs) est fixée une fois pour toutes, et si à l'intérieur de cette part on donne un peu plus aux uns, c'est forcément au détriment des autres.

Le discours alarmiste sur la démographie et les retraites est un rideau de fumée destiné à masquer la volonté de la bourgeoisie d'accaparer une part toujours plus grande de la richesse.

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