Réforme de l'UNEDIC : Le gouvernement aux côtés du patronat30/06/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/06/une-1668.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

Réforme de l'UNEDIC : Le gouvernement aux côtés du patronat

Après l'accord intervenu entre le patronat, la CFDT et la CFTC au sujet de la réforme de l'assurance-chômage, la balle est maintenant dans le camp du gouvernement. Et comme on pouvait s'y attendre, les premières déclarations de Martine Aubry laissent entendre que le gouvernement n'a guère l'intention de s'opposer à ce projet, qui constitue une terrible régression sociale.

La réforme ne vise ni plus ni moins qu'à démolir ce qui reste des protections sociales du système actuel d'indemnisation du chômage, pourtant déjà bien insuffisantes. A partir du 1er janvier 2001, les nouveaux chômeurs se verraient obligatoirement proposer des emplois. Après deux refus de leur part, la période d'indemnisation commencera par être réduite. A la quatrième réponse négative du salarié chômeur, ce sera la radiation définitive et la suppression de toute forme d'indemnité. Parallèlement à cela, diverses allocations devraient disparaître, telle l'Allocation chômeur âgé qui protégeait les salariés de plus de 50 ans, en leur garantissant sous certaines conditions le maintien de leur rémunération jusqu'à leur retraite.

Les objectifs du patronat sont très clairs. Il s'agit d'une part de faciliter les radiations massives de chômeurs et d'économiser ainsi des dizaines de milliards de francs de cotisations. Le patronat prévoit ainsi, pour la part le concernant, 42 milliards de francs d'économies rien que dans un premier temps. Tant pis si des centaines de milliers de personnes se retrouvent précipitées dans la misère, réduites au RMI.

D'autre part, par le chantage à la radiation, les patrons comptent bien faire accepter n'importe quel emploi et à n'importe quel prix, afin de peser sur les salaires et les conditions de travail de ceux qui ont encore un emploi.

Il y a encore bien d'autres volets dans cette réforme, comme la possibilité d'établir de nouveaux contrats de travail à durée déterminée de cinq ans et ainsi d'accroître toujours plus la précarité.

Tout ceci est tellement provocant et rétrograde que seuls deux syndicats ont accepté de signer la convention, maintenant soumise au gouvernement, avant d'être appliquée.

Sans doute, dans ses premières déclarations, la ministre de la Solidarité et de l'Emploi Martine Aubry a émis des réserves sur l'accord, affirmant qu'elle soutenait ceux qui voulaient continuer la discussion. Mais on a vite pu voir sur quoi portaient ses réserves.

Pas question pour Martine Aubry de contester le principe des sanctions à infliger aux chômeurs. Simplement, a-t-elle déclaré, ces sanctions, " pour être impartiales ", devront rester " de la responsabilité de l'Etat ". Il faut dire qu'en la matière, Martine Aubry a de l'expérience puisque c'est elle qui, en 1992, avait déjà mis en place les premières mesures de rétorsion à l'égard des chômeurs accusés de ne pas faire " l'effort de chercher un emploi ".

Sinon, la ministre a regretté les allégements des cotisations chômage... L'Etat voudrait bien récupérer lui aussi quelques milliards sur ce qui sera pris aux dépens des chômeurs.

Voilà donc les réticences du gouvernement sur ce projet ignominieux. On comprend que le MEDEF ne se sente pas gêné. En fait, selon une méthode désormais habituelle, dans le cadre de nouvelles discussions, le gouvernement va peut-être essayer de trouver un autre habillage pour ce projet, afin de le rendre plus acceptable aux yeux de l'opinion. Mais cela ne changerait pas le fond.

Les organisations syndicales qui n'ont pas signé l'accord avec le MEDEF semblent pourtant vouloir se reposer sur le gouvernement pour contrer le patronat, en se contentant de demander à Jospin de ne pas ratifier les propositions patronales. C'est évidemment totalement illusoire. L'offensive du patronat ne peut être contrée que par la mobilisation, non seulement des seuls chômeurs, mais de toute la classe ouvrière. C'est d'ailleurs pour aller dans ce sens que Lutte Ouvrière s'est adressée aux organisations non signataires de l'accord avec le MEDEF, par la lettre que nous publions ici.

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