PCF : Les difficultés de l'Huma, cherchez les raisons politiques...30/06/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/06/une-1668.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

PCF : Les difficultés de l'Huma, cherchez les raisons politiques...

L'Humanité, quotidien qui ne se veut plus celui du Parti Communiste français - mention qui ne figure plus dans son titre - fait état à nouveau de ses difficultés financières. Il a augmenté son prix, envisage de procéder à des réductions de ses effectifs rédactionnels et techniques, et, dans une tribune libre qu'un de ses rédacteurs, Charles Sylvestre, a publiée dans Libération du 26 juin, d'ouvrir son capital. Pas " une recapitalisation à la mode de Vivendi, Hachette, Chargeurs réunis ou LVMH " précise-t-il " mais une grande ouverture de L'Humanité dotée d'un projet faisant clairement référence au Parti Communiste, sans s'y enfermer, à un véritable actionnariat populaire et à tous les gisements associatifs, institutionnels, intéressés à cette présence (de l'Humanité) dans le " paysage " français et européen... ".

En fait, il est vrai que, quelque soit le secteur, la presse ne peut vivre, sans faire appel à des capitaux issus d'autres secteurs de l'économie. C'est le cas général qui n'est pas nouveau. Cela relativise les discours vertueux sur la " liberté de la presse ". Les difficultés matérielles sont donc à plus forte raison le lot normal d'une presse militante qui, par définition, n'existe que par et pour ses militants. Par ses militants qui en sont les principaux diffuseurs et les propagandistes actifs. Pour ses militants pour qui leur journal constitue un outil pour les aider à faire circuler et faire connaître la politique de leur parti.

Par-delà donc les raisons d'ordre général qui interviennent dans les difficultés de la presse du PCF, et qui sont sans doute réelles, il y a celles qui relèvent des choix politiques de sa direction. Car la nouvelle formule de L'Humanité n'était pas seulement une tentative purement technique pour redresser la vente du journal. Elle voulait surtout être la vitrine de sa volonté de reconversion, de " mutation ", disait elle. Ce choix se traduisait, en même temps que l'on mettait en avant l'ouverture et les personnalités qui la symbolisaient, par la marginalisation des militants qui eux faisaient vivre concrètement le parti, lui permettaient d'avoir une existence sur le terrain. Ceux qui, bon an, mal an, constituaient son squelette et sa chair, et qui, devant les entreprises, dans les quartiers, allaient chaque jour ou chaque semaine, proposer cette presse du parti, dans laquelle on pouvait trouver, bien plus que dans la nouvelle formule, le reflet de son intervention militante, dans les luttes et la vie sociale.

L'Huma était l'organe du PCF, défendant une politique avec laquelle nous ne sommes pas d'accord, mais gardait l'image d'un journal qui n'avait pas de réticence à exprimer son enracinement ouvrier. La reconversion de l'ex-quotidien du PCF - puisqu'il a abandonné la référence à cette filiation - n'a pas été une réussite financière. Mais cet échec traduit en même temps les résultats - guère fameux, on peut le constater - de cette mutation, qui s'est incarnée dans la mise en place de la liste " Bouge l'Europe " et dans " l'ouverture " instituée au 30e congrès, s'inspirant de la même démarche.

C'est en ce sens que la crise de la presse du PCF ne peut pas être dissociée de ses orientations politiques.

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