Le procès de José Bové et de ses compagnons : Un procès sous surveillance30/06/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/06/une-1668.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

Le procès de José Bové et de ses compagnons : Un procès sous surveillance

Le 30 juin prochain s'ouvre à Millau le procès de José Bové et de neuf autres manifestants interpellés le 12 août dernier alors qu'ils démontaient dans cette même ville un McDonald's en construction.

A l'initiative de ce geste symbolique contre un représentant par excellence, selon les manifestants, de la " malbouffe " américaine, se trouvaient les éleveurs du Syndicat des producteurs de lait de brebis et de la Confédération paysanne, décidés à protester contre la surtaxation à l'entrée de roquefort aux Etats-Unis. Les autorités américaines répondaient ainsi à une décision européenne de refuser l'importation de viande aux hormones en provenance des Etats-Unis.

Lors de la manifestation du 12 août 1999, une douzaine de manifestants avaient été interpellés, mis en examen et emprisonnés pour " destruction de biens privés ". La sévérité de ces sanctions avait choqué, comme avait choqué l'arrestation de José Bové, l'un des dirigeants de la Confédération paysanne, venu se livrer à la police et qui se retrouvait emprisonné pendant trois semaines, refusant de payer une caution injustifiée et scandaleusement élevée. La caution fut finalement versée à la suite de collectes de solidarité auxquelles participèrent y compris des organisations d'agriculteurs américains. Dès lors, les événements de Millau s'inscrivaient dans la préparation par la Confédération paysanne du sommet à Seattle de l'Organisation mondiale du commerce (OMC). José Bové dénonçait pêle-mêle " la mondialisation " de l'économie capitaliste, la malbouffe, les organismes génétiquement modifiés, etc.

Aujourd'hui, le procès des dix manifestants de Millau, parmi lesquels José Bové, tous inculpés pour " dégradations en réunion et menaces de destructions ou de détériorations dangereuses pour les personnes " fait peser la menace de peines de cinq ans d'emprisonnement et de 500 000 francs d'amende sur chacun des accusés. Seulement voilà, ce procès n'a aucune chance de passer inaperçu puisque les autorités préfectorales avouent attendre quelques dizaines de milliers de manifestants pour soutenir les prévenus. Certes, la journée du 30 juin à Millau s'annonce pour l'instant comme une fête, puisqu'elle prévoit un grand marché de produits fermiers, avec roquefort, produits biologiques variés et vins de qualité, concerts et animations devant le McDonald's, cause du délit. Mais il n'en reste pas moins que José Bové et ses compagnons sont menacés de sanctions. Alors, tous ceux qui seront à Millau ce 30 juin y viendront aussi pour dire qu'ils refusent ces inculpations et pour manifester leur solidarité face aux menaces d'une justice qui peut se montrer rapide à soutenir les puissances de l'agro-alimentaire. Et ce sera tant mieux si la solidarité autour des inculpés fait réfléchir justice et gouvernement et interdit qu'ils soient sanctionnés !

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