Pour un ciel sans frontières...30/06/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/06/une-1668.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Pour un ciel sans frontières...

Pour toutes les raisons que nous avons évoquées, la grève des contrôleurs est tout à fait légitime. Cela dit, certains éprouvent le besoin d'y mélanger un aspect national, voire nationaliste, pour s'opposer aux mesures de la Commission de Bruxelles, au nom du droit de chaque Etat à régenter ce qui se passe chez lui - ce qu'ils appellent la " subsidiarité " en jargon européen.

C'est non seulement ridicule s'agissant du ciel, où il semble encore plus choquant que sur terre de vouloir planter des barrières frontalières, mais, en plus, c'est affaiblir les revendications légitimes des contrôleurs aériens en fournissant des arguments à leurs adversaires de la Commission. Et ceux-ci ne se sont pas fait faute de pointer dans la presse cette présentation des choses... en présentant les contrôleurs comme se battant donc au nom de revendications nationalistes réactionnaires.

Bien sûr que le contrôle aérien devrait être unique, en Europe, dans le monde entier ! Et ne pas le dire ne peut qu'être nuisible à une lutte parfaitement justifiée. Car, s'il n'y avait qu'à rationaliser le ciel européen et à ne pas tenir compte de frontières dépassées - et malheureusement pas encore vraiment abolies -, cela ne devrait pas être un problème. Mais justement, derrière cela, il y a un autre problème, social celui-là. Et c'est ce problème-là que les travailleurs ont tout intérêt à faire le plus clairement apparaître, en opposant leurs propres intérêts à ceux que défendent la Commission et les gouvernements nationaux.

Car, imaginer que la Commission, ici comme en d'autres domaines, soit autre chose que le paravent d'Etats nationaux désireux d'offrir de nouvelles parts de gâteau à leurs capitalistes, ce serait se bercer d'illusions. Ou pire, laisser croire aux travailleurs concernés que leur Etat n'y serait pour rien en dédouanant son gouvernement.

Bien évidemment, il n'en est rien. Il suffit de ne pas oublier ce qui vient de se passer, en France, dans un domaine voisin du contrôle aérien et de se rappeler ce que scandaient des travailleurs d'Air France manifestant contre la privatisation de leur compagnie : " Juppé l'avait rêvée, Jospin l'a réalisée ! " Et pour cela, d'ailleurs, Jospin n'a même pas eu besoin de se camoufler derrière la Commission européenne : il s'est borné à laisser son ministre PCF des Transports, Gayssot, marteler contre toute évidence qu'il ne privatisait pas Air France mais " laissait son capital respirer ". Eh oui, il n'y a pas que les Commissaires européens qui ne manquent pas d'air... quand il s'agit de nous faire prendre des vessies pour des tours de contrôles.

Partager