Un miracle de Jospin-Aubry : La multiplication des SMIC30/06/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/06/une-1668.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

Un miracle de Jospin-Aubry : La multiplication des SMIC

Au 1er juillet, le SMIC augmentera du minimum prévu par la loi. Avec 3,2 % d'augmentation, il n'y aura pas de " coup de pouce " mais bien le minimum de ce que le gouvernement pouvait décider en fonction de la revalorisation légale, qui doit être du taux de l'inflation augmenté de la moitié de la hausse moyenne du salaire horaire ouvrier.

Mais attention, pour beaucoup de smicards, la hausse du salaire ne sera pas de 3,2 %. Celle-ci ne concerne que les travailleurs continuant à faire un horaire de 39 heures et rémunérés sur cette base.

Et, nouveauté due à la loi Aubry, il y a maintenant un deuxième SMIC, un " SMIC 35 heures " en quelque sorte, qui lui augmentera moins : de 1,45 % seulement !

En effet, le gouvernement avait promis que le passage de 39 à 35 heures se ferait sans diminution de ressources. Il y aurait eu une façon simple de le garantir : corriger cette baisse de l'horaire par l'augmentation du taux horaire du SMIC, ce qui représenterait 11,4 % d'augmentation. Mais pour ne pas déplaire au patronat, il n'en a pas été ainsi.

Pour les salariés au SMIC passant de 39 à 35 heures (ou 36, ou 37...) la loi a instauré un " complément différentiel ". Il s'ajoute au salaire calculé sur la base du taux horaire multiplié par 35 heures (ou 36, ou 37...) de façon que malgré la réduction d'horaire ils continuent à toucher le SMIC... sans qu'on n'ait augmenté le taux horaire.

En effet cette " garantie de rémunération " (salaire au taux horaire plus " complément différentiel ") était égale au SMIC 39 heures... du moins jusqu'au 30 juin.

Car l'augmentation de cette " garantie de rémunération " appliquée au 1er juillet n'est pas calculée de la même façon que pour l'autre SMIC ; elle augmente en principe du taux de l'inflation, plus la moitié de la hausse moyenne du revenu mensuel (et non plus horaire) ouvrier. Or le revenu mensuel ouvrier a bien moins augmenté que le taux du salaire horaire (qui lui a été revalorisé dans bien des entreprises du seul fait des 35 heures).

Résultat de ces calculs d'apothicaire, la " garantie de rémunération ", autrement dit le " SMIC 35 heures ", n'augmentera donc que de 1,45 %. Ce SMIC 35 heures, en brut, sera de 6 981 F au lieu de 7 101 F pour le SMIC 39 heures.

Mais en fait, en introduisant deux SMIC, la loi Aubry est sans doute en train d'en ajouter un troisième. Car la " garantie de rémunération " ne s'applique qu'aux salariés passés de 39 heures à 35 heures. Ceux embauchés après le passage à 35 heures ne bénéficient pas nécessairement de la fameuse " indemnité compensatrice ". La seule garantie donnée par la loi est qu'ils ne peuvent toucher un salaire inférieur à celui d'un autre salarié (par exemple bénéficiant de la garantie de rémunération car embauché avant) faisant un travail " équivalent ".

Mais un patron pourra évidemment toujours prétendre que le nouvel embauché ne fait pas un travail " équivalent "... et ne lui appliquer que le SMIC 35 heures sans indemnité compensatrice, soit 6 373 F brut après l'augmentation du 1er juillet.

Et voilà nos trois SMIC qui s'échelonnent, si l'on passe aux chiffres nets, de 5 470 F mensuels environ pour le plus haut, à 5 370 F pour le " SMIC 35 heures " garanti et à 4 900 F pour le SMIC 35 heures sans indemnité compensatrice .

Tout cela n'est que provisoire, a promis le gouvernement, car il s'est engagé à ce que les différents SMIC se rejoignent, au plus tard au 1er juillet 2005 d'après la deuxième loi Aubry. Mais il faudrait pour cela donner des " coups de pouce " aux augmentations du taux horaire du SMIC... ce que le gouvernement visiblement reporte à plus tard si ce n'est pas aux calendes grecques. Et en fait pour l'instant, tout cela revient à ralentir la progression du SMIC, le " SMIC 39 heures " qui progresse plus vite que le " SMIC 35 heures " n'ayant plus de sens au fur et à mesure de la généralisation des 35 heures.

Tout cela, il faut le rappeler, alors que le passage aux 35 heures se traduit par des aides substantielles de l'État aux patrons, qui compensent largement l'" effort " fait par ceux-ci pour ne pas diminuer les salaires !

Alors faute de " coups de pouce ", il est à souhaiter que les travailleurs donnent un vrai coup de pied dans tout ce système pour imposer tout simplement des salaires décents pour tous.

Partager