Bas salaires, précarité, attaque contre l'assurance-chômage : Riposter aux provocations patronales30/06/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/06/une-1668.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Editorial

Bas salaires, précarité, attaque contre l'assurance-chômage : Riposter aux provocations patronales

L'augmentation du SMIC à partir du 1er juillet est dérisoire. Ce qui n'a pas empêché le président du MEDEF, le baron Seillière, de protester, en affirmant que toute hausse est préjudiciable à l'emploi des bas salaires. Ce rejeton de la famille des maîtres de forges De Wendel, qui, pour être riche, n'a eu à se donner que la peine de naître, trouve excessifs les 6 881 F brut, soit 5 400 F net, que touchent deux millions de travailleurs payés au SMIC dans ce pays. Et encore, ce nombre est celui des smicards payés à temps complet. Mais trois millions de travailleurs supplémentaires, du fait du temps partiel imposé, de l'intérim ou d'une des nombreuses formules de précarité inventées par le patronat ou le gouvernement au fil des ans, ne touchent même pas cette somme.

Tirant profit des années de chômage qui sont loin d'être terminées malgré les cocoricos officiels ; bénéficiant du soutien sans faille de tous les gouvernements, le patronat pèse de toute sa puissance pour pousser les salaires vers le bas. C'est grâce à ces bas salaires que les entreprises peuvent réaliser ces 20 ou 30 % de profit qui semblent être devenus la norme. C'est en raison aussi de ces bas salaires, en raison aussi de l'intensité sans cesse aggravée du travail, que les prix des actions des entreprises s'envolent en Bourse, permettant à un grand bourgeois comme, par exemple, Bernard Arnault, patron du trust de luxe LVMH, de doubler sa fortune en une seule année !

Et même maintenant, alors qu'on nous dit que l'économie va bien, que le chômage baisse, le patronat continue à maintenir et à aggraver la pression sur les salaires, en s'attaquant cette fois-ci aux chômeurs.

Car le " PARE ", ce projet ignoble du MEDEF, qui consiste à obliger un chômeur à accepter n'importe quel travail à n'importe quel prix, sous peine de voir son allocation chômage suspendue après seulement deux refus et définitivement supprimée après quatre, ce projet ne vise pas seulement les travailleurs privés d'emploi, mais l'ensemble des travailleurs. Il est destiné à procurer au patronat une main-d'oeuvre forcée et bon marché, dans les secteurs où ça l'intéresse et quand ça l'intéresse. Et cela pèsera sur tous les salaires.

Voilà comment on pousse des millions de travailleurs vers la pauvreté, alors même que la bourgeoisie s'enrichit, édifie des fortunes et que les patrons des grandes entreprises ne savent pas quelles entreprises racheter pour dépenser leur argent.

Le grand patronat se croit tout permis, d'autant plus qu'il sait qu'il peut compter sur le gouvernement. Il sait quel crédit accorder aux feintes indignations verbales des ministres du gouvernement socialiste face aux projets du MEDEF. Il sait que même les mesures du gouvernement présentées comme favorables aux salariés sont toujours destinées à avantager le patronat. C'est en prétendant vouloir favoriser l'emploi que le gouvernement - celui-ci comme tous ses prédécesseurs - a pris des mesures de dégrèvements fiscaux, d'allégements de charges sociales, que les patrons ont purement et simplement rajoutés à leurs profits sans créer des emplois. C'est sous prétexte de réduire les horaires de travail de 39 à 35 heures que Martine Aubry a imposé une loi dont le véritable objectif est de légaliser l'annualisation du temps de travail et de permettre aux patrons de varier les horaires hebdomadaires en fonction de leurs seuls besoins.

Alors, il est temps que cela finisse. Toutes les organisations de salariés, tous les partis ayant condamné les prétentions du MEDEF, devraient chercher à mettre leurs actes en accord avec leurs paroles et à organiser la riposte des travailleurs.

Mais, de toute façon, que le patronat se méfie ! En attaquant sur tous les fronts, les salaires, les conditions de travail, les protections sociales, en ajoutant la morgue et le cynisme à l'avidité, il provoquera l'explosion sociale. Seule, cette explosion peut faire basculer le rapport de forces en faveur du monde du travail. Elle est nécessaire et elle se produira.

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