L’État d’Israël, instrument de l’impérialisme11/10/20232023Journal/medias/journalnumero/images/2023/10/2880.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

guerre au moyen-orient

L’État d’Israël, instrument de l’impérialisme

Les États impérialistes qui dominent le monde soutiennent Israël dans sa guerre contre Gaza. Non seulement les moyens de l’armée israélienne sont sans commune mesure avec ceux des quelques milliers de combattants du Hamas, en particulier grâce à l’aide américaine, mais les États-Unis ont envoyé leur porte-avions le plus moderne, un croiseur, quatre destroyers et quelques sous-marins au plus près du conflit.

Il ne s’agit pas là de défendre la démocratie contre le terrorisme, ni le droit à l’existence du peuple juif, mais bien de défendre l’ordre impérialiste dont Israël est devenu le bras armé dans cette partie du monde.

Cela ne s’est pas fait en un jour. Le Moyen-Orient, auparavant sous domination ottomane, a échu après la Première Guerre mondiale à la France et à la Grande- Bretagne. Elles y tracèrent des frontières à leur convenance, réprimant férocement les sentiments nationaux des populations. Parallèlement, à partir de 1917, l’impérialisme anglais favorisa l’immigration juive en Palestine, y voyant un contrepoids possible à l’influence croissante des nationalistes arabes.

Le mouvement sioniste, qui prônait l’installation juive en Palestine, au départ très minoritaire, prit une autre résonance avec la Deuxième Guerre mondiale et l’extermination des Juifs. Le départ pour la Palestine, la construction d’un État juif semblaient alors l’unique solution à des survivants dont toute la famille, tout le passé, toutes les attaches avaient disparu. Des centaines de milliers d’entre eux partirent pour le Moyen-Orient, sans aucune aide des grandes puissances et même contre leur volonté, particulièrement contre celle de la Grande-Bretagne qui contrôlait encore la Palestine.

Du mouvement sioniste à la création d'Israël

Pour gagner un pays et un État, les militants sionistes créèrent des groupes armés, usèrent de la diplomatie et des attentats. En fin de compte, la Grande-Bretagne remit son mandat à l’ONU en février 1947. Puis, en novembre, l’ONU vota, en accord avec toutes les grandes puissances y compris l’URSS de Staline, le partage de la Palestine entre un État juif et un État arabe. Les deux parties refusèrent ce partage et une première guerre commença entre les milices sionistes et les États arabes voisins, au cours de laquelle, le 14 mai 1948, la création de l’État d’Israël fut proclamée. La guerre s’acheva, en novembre, par l’agrandissement du territoire israélien et sa reconnaissance de fait par les grandes puissances. Quant à l’État arabe palestinien envisagé, il n’allait pas voir le jour, la partie restante de la Cisjordanie et Gaza étant occupées par la Jordanie et l’Égypte.

Dans de nombreux villages palestiniens, la population fut expulsée, forcée de quitter les lieux pour s’installer dans des camps où ses descendants vivent toujours, au Liban, en Jordanie ou dans la bande de Gaza. Quelles qu’aient été les prétentions socialistes de nombre de jeunes pionniers d’Israël, leur enthousiasme et leur foi, les dirigeants sionistes de l’époque construisirent un État pour les seuls Juifs, contre les Palestiniens. Ils le firent même contre la volonté de l’ensemble des peuples de la région et sautèrent sur la première occasion de le démontrer aux yeux du monde. Après que, le 26 juillet 1956, l’Égypte de Nasser nationalisa le canal de Suez, la France et la Grande-Bretagne envoyèrent des troupes pour s’y opposer. Israël participa à l’opération militaire, gagnant ses galons de défenseur de l’ordre impérialiste dans la région.

Bras armé de l'impérialisme

Depuis cette époque, au cours de multiples guerres contre ses voisins et en brimant systématiquement la population palestinienne, les gouvernements d’Israël ont volontairement mis leur pays en situation de camp assiégé, même victorieux. C’est ce qui fait sa valeur aux yeux des dirigeants impérialistes et son utilité pour les aider à dominer cette région pleine d’importance stratégique et économique. Les dictatures des pays arabes, même acquises à l’impérialisme, sont fragiles et toujours à la merci d’une explosion venant de leur population pauvre, voire d’une révolution. L’État d’Israël en revanche s’appuie sur une population convaincue de devoir se placer par nécessité vitale dans le camp occidental et prête à se battre pour cela. L’État israélien, supposé appartenir par nature à ce camp, a toujours bénéficié d’une abondante aide financière et militaire de l’impérialisme et a soutenu toutes ses exactions.

En contrepartie, les dirigeants de l’impérialisme laissent les mains libres aux gouvernements israéliens et racontent l’histoire à leur façon. En France, en Grande-Bretagne et aux États-Unis, contrées où l’antisémitisme eut longtemps pignon sur rue, la découverte de l’horreur des camps ne troubla guère la société pendant 25 ans. Mais, à mesure que la sécurité des exploitations pétrolières devenait cruciale, les régimes arabes instables, et que l’armée d’Israël se révélait apte à faire planer sa menace sur tout le Moyen Orient, les puissances impérialistes se découvrirent de grands protecteurs du droit à l’existence du peuple juif. L’extermination dans les camps nazis fut rebaptisée du terme religieux d’holocauste pour effacer les véritables raisons du massacre, produit d’une société capitaliste en crise. Le soutien sans faille à Israël, quoi que fasse son gouvernement, devint une constante de la politique des dirigeants occidentaux, comme le démontre encore une fois le déferlement pro-israélien actuel.

Les dirigeants de l’impérialisme et leurs porte-voix ne défendent pas les Juifs en armant Israël. Ils défendent leur ordre, au prix non seulement de la vie des Palestiniens, mais aussi de celle des Israéliens.

Partager