Union européenne : une attaque de plus contre les migrants03/05/20232023Journal/medias/journalnumero/images/2023/05/2857.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Union européenne : une attaque de plus contre les migrants

Le 20 avril, le Parlement européen a voté quatre textes d’un nouveau projet de règlement sur l’asile, voulu depuis 2019 par l’Union européenne (UE). C’est un nouveau règlement anti-pauvres, qui vise à durcir les conditions d’accueil et à faciliter les possibilités d’expulsion des migrants jugés illégaux.

Aujourd’hui, les demandes d’asile sont instruites dans le pays d’arrivée dans l’Union européenne, à savoir bien souvent l’Italie ou la Grèce. Via ce règlement, dit de Dublin, les puissances les plus riches, dont la France, se défaussent sur ces pays. Dans le nouveau projet, visant à uniformiser les procédures et l’accueil, les députés voudraient que les réfugiés puissent déposer leur demande dans les pays où ils disposent d’un « lien significatif », tel que des attaches familiales ou un lieu où ils ont étudié, ce qui aboutirait à les répartir davantage entre les pays européens. Le contenu du projet n’a rien à voir avec cet emballage humanitaire. Il institue un filtrage, un contrôle préalable et systématique aux frontières de l’UE, qui comprendrait l’enregistrement de données biométriques dans la base de données Eurodac. Il contient une disposition selon laquelle les personnes ressortissantes de pays extérieurs à l’UE et ne remplissant pas les conditions d’entrée seraient considérées comme n’ayant pas franchi les frontières. Un système d’alerte informerait alors les États concernés, afin d’accélérer les expulsions.

L’objectif entre autres est d’étouffer le scandale suscité par le blocage des navires humanitaires qui ne trouvent aucun port pour accoster après avoir secouru des réfugiés. Ce fut par exemple le cas de l’Ocean Viking en novembre 2022, finalement autorisé à accoster à Toulon, mais dont la France refusa d’accueillir près de la moitié des rescapés. Jusqu’à présent, ces épisodes donnaient lieu à des joutes diplomatiques, relayées par les médias, ce que l’UE voudrait éviter. Il est également probable que les gouvernements cherchent à coordonner leurs quotas en fonction des revendications d’une partie du patronat, comme celui de la restauration, inquiet de ne pas pouvoir trouver une main-d’œuvre sous-payée.

En fait, la France ainsi que la plupart des pays européens pourraient sans problème accueillir tous les réfugiés. Ce serait un geste de justice élémentaire. En dressant des barrières matérielles et administratives les gouvernements les condamnent à mourir en Méditerranée, dans la Manche ou dans les geôles de Libye.

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