Manifestations : face à l’autoritarisme de l’État03/05/20232023Journal/medias/journalnumero/images/2023/05/2857.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Manifestations : face à l’autoritarisme de l’État

À l’occasion de la finale de la Coupe de France samedi 29 avril, le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, a interdit une manifestation de la CGT à proximité du stade de France sous prétexte que le match entre Nantes et Toulouse aurait été à haut risque.

Trois heures avant la rencontre, le tribunal administratif a suspendu la décision de la préfecture de police. Cartons rouges et sifflets ont pu être distribués aux abords de l’enceinte par des militants syndicaux, et confisqués dans la foulée à l’entrée des tribunes par les stadiers. Conscient de son impopularité, Macron a décidé de rester confiné en tribune.

Pour empêcher la contes­tation à l’occasion des déplacements du président de la République et de ses ministres, les préfets puisent dans l’arsenal des dispositifs légaux, interprétés à leur guise, pour interdire l’usage de casseroles sur la voie publique, des rassemblements ou des manifestations. Ils utilisent un dispositif de la loi de sécurité intérieure mise en place en novembre 2017, à la fin de l’état d’urgence imposé après les attentats de 2015. Bien sûr, le ministère de l’Intérieur lui-même, par l’intermédiaire de la directrice des libertés publiques, évoque un « détournement de la procédure » et appelle les préfets à la retenue. Mais, contre la mobilisation, l’État utilise les derniers textes de loi mis en place pour soi-­disant se défendre du terrorisme et de l’insécurité. Il en est de même de l’usage des drones pour surveiller les manifestations, autorisé par une loi promulguée en janvier 2022 et dont le décret d’application a été opportunément publié le 19 avril dernier. Le survol des manifestations du 1er Mai a parfois été partiellement suspendu, comme au Havre, ou confirmé, comme à Paris, sur décision des tribunaux administratifs. Mais, sous prétexte d’assurer la sécurité des personnes, la loi donne à la surveillance policières des moyens supplémentaires.

L’arsenal légal s’est enrichi ces dernières années, pour permettre aux autorités de contrôler et intimider ceux qui veulent s’opposer au gouvernement et à sa politique. Et quand il est insuffisant pour vider les rues, il reste l’usage brutal de la force.

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