Cahuzac et l'industrie pharmaceutique : Les noces régulières de l'industrie et du pouvoir10/04/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/04/une2332.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Cahuzac et l'industrie pharmaceutique : Les noces régulières de l'industrie et du pouvoir

Les relations de l'ancien ministre du Budget Cahuzac avec l'industrie pharmaceutique sont dans l'œil du cyclone.

En effet, de 1988 à 1991, pendant le deuxième septennat de Mitterrand, Jérôme Cahuzac travaillait au cabinet de Claude Evin, alors ministre de la Santé dans le gouvernement Rocard. Il y était chargé des « questions relatives au médicament ». Autrement dit, Cahuzac baignait au cœur des instances administratives chargées des décisions d'autorisation de mise sur le marché (AMM), de la fixation du prix de ces médicaments et du niveau de leur remboursement par la Sécurité sociale.

Après le départ de Michel Rocard de Matignon et de Claude Evin du gouvernement, Jérôme Cahuzac ouvrait sa clinique spécialisée dans les implants capillaires, mais il devenait aussi consultant pour l'industrie pharmaceutique ! Deux ans plus tard, il créait même Cahuzac Conseil, une société ayant pour objet déclaré « le conseil en entreprises » et « l'exploitation des brevets ».

Cahuzac avait le savoir-faire, les relations, le carnet d'adresses au sein des instances à la porte desquelles les laboratoires frappent dès qu'ils veulent mettre un médicament sur le marché le plus vite possible, au prix le plus élevé et avec le meilleur taux de remboursement. C'était certainement le meilleur choix pour soigner ses comptes en banque. Et il l'a fait, sans qu'on sache encore exactement combien cela lui a rapporté.

Dans un système économique où les médicaments sont d'abord et avant tout des marchandises destinées à rapporter des profits à ceux qui les mettent sur le marché, l'appât du gain fait nécessairement naître des Cahuzac. Il n'est pas le premier et sûrement pas le dernier, c'est dans l'ordre des choses.

En 1978, après les scandales de la Thalidomide et du Distilbène, les pouvoirs publics mirent en place, sous le contrôle direct du ministère de la Santé et prétendument pour s'opposer aux appétits privés, la Direction de la pharmacie et du médicament (DPHM). Mais en 1993, après le scandale du sang contaminé, la DPHM fut rayée des cadres et l'État la remplaça par l'Agence du médicament. Pire, en 1998, après le scandale de la vache folle, elle fut remplacée par l'Agence française de sécurité sanitaire et des produits de santé (Afssaps) qui, elle-même, en 2012, après le scandale du Mediator, s'est transformée en l'actuelle Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM).

Trente-cinq ans de changements de noms et d'acronymes, mais la loi du profit est restée et ceux qui en jouissent continuent de proliférer.

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