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Portugal : Mini-crise politique sur fond d'austérité
Au Portugal, la politique d'austérité du gouvernement Passos Coelho (droite) n'est plus seulement contestée dans la rue, comme l'ont montré les grandes manifestations de l'automne 2012, mais aussi dans les sommets de l'État et au Parlement.
Le 3 avril, ce dernier débattait d'une motion de censure déposée par le Parti socialiste, qui avait pourtant été le premier à aggraver l'austérité, avant d'être écarté du gouvernement par la droite. Et surtout, le 5 avril, la Cour constitutionnelle invalidait plusieurs mesures d'austérité du budget 2013, contraignant le gouvernement à revoir sa copie.
Cela fait maintenant deux ans, depuis mai 2011, que le gouvernement portugais est surveillé de près par la Troïka (Union européenne, Banque centrale européenne et Fonds monétaire international), qui vérifie l'application des mesures d'austérité censées rétablir l'équilibre des finances nationales. Or ces mesures d'austérité, qui plongent toute une partie de la population dans la misère, ont au contraire alourdi la dette de l'État, passée de 108 % du produit intérieur brut en 2011 à 123 % aujourd'hui, et aggravé la récession économique à l'oeuvre depuis des années.
Les articles du budget censurés par la Cour constitutionnelle portent sur des primes touchées par les fonctionnaires, les retraités ou les enseignants et chercheurs sous contrat privé, et sur des contributions de la Sécurité sociale à des allocations de chômage ou de maladie. La Cour ne dit nullement qu'il est injuste de supprimer ces primes ou de ponctionner la Sécurité sociale, mais seulement qu'on ne doit pas le faire de façon inégalitaire. Ces mesures représentaient 1,3 milliard d'économies. Le Premier ministre a annoncé le 8 avril que, pour compenser cette perte, il n'aggraverait pas les impôts mais réaliserait de nouvelles coupes dans les budgets de l'éducation, de la santé et de la Sécurité sociale.
Les travailleurs portugais n'en ont donc pas fini avec l'austérité. Cependant la décision de la Cour constitutionnelle a ébranlé la crédibilité d'un gouvernement déjà fragilisé par la démission d'un ministre, qui est accusé d'avoir menti sur son parcours universitaire. Du coup, le Parti socialiste développe un discours plus nettement oppositionnel. Il va jusqu'à critiquer les conditions du plan d'aide de 2011, que son dirigeant de l'époque avait pourtant négociées. Il semble viser la chute du gouvernement, dont il a jusqu'ici été solidaire.
Ce n'est qu'une mini-crise politique, mais qui traduit à sa manière le rejet de l'austérité par l'énorme majorité de la population, non seulement les classes populaires, mais aussi une partie de la bourgeoisie et du patronat, qui voit dans cette politique une remise en cause de ses moyens de faire du profit. L'enjeu, c'est que les travailleurs et la population laborieuse se fassent entendre bien plus fort que les représentants du patronat.