Heuliez – Cerizay (Deux-Sèvres) : Troisième faillite en cinq ans... Les « repreneurs » ont empoché, les salariés sont sur le carreau10/04/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/04/une2332.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Heuliez – Cerizay (Deux-Sèvres) : Troisième faillite en cinq ans... Les « repreneurs » ont empoché, les salariés sont sur le carreau

Depuis octobre 2007, l'usine Heuliez de Cerizay en est à trois dépôts de bilan. En 2009 et 2010, cela s'était accompagné d'un ballet de repreneurs guignant les subventions publiques censées garantir l'emploi, avec des politiques de tout bord qui se disputaient micros et caméras pour se présenter comme les sauveurs d'Heuliez. Et l'on sait comment, la droite étant alors aux commandes, la présidente de région et candidate PS à la présidentielle d'alors, Ségolène Royal, avait voulu faire d'Heuliez sa vitrine sociale.

Résultat le plus dramatique de cette mascarade pour les travailleurs : Heuliez, qui comptait encore un millier de salariés en 2007, n'emploie plus que 283 salariés en CDI, plus 12 en CDD. Et ils n'ont même pas la certitude de pouvoir toucher leur salaire de mars le 11 avril.

Aujourd'hui, on laisse entendre que Volkswagen pourrait vouloir reprendre l'activité carrosserie-emboutissage. On dit aussi qu'Heuliez souffre des difficultés de l'automobile, ajoutant que Mia Electric, autre branche issue du dépeçage d'Heuliez en juin 2010, n'arrive pas à vendre assez de voitures électriques pour atteindre le seuil de rentabilité.

Mais ce que l'on ne nous dit pas c'est que, difficultés ou pas du secteur, les propriétaires successifs d'Heuliez sont loin d'être à plaindre.

Dernier en date, le groupe BGI a revendu son activité aéronautique pour près de cinq millions d'euros à EADS. Pas mal, quand on sait qu'en 2009 son prédécesseur, le cabinet de conseil Bernard Krief Consulting (BKC) avait repris la société pour 30 000 euros. Il avait alors licencié 400 de ses mille salariés et fait payer par des fonds régionaux les périodes de chômage partiel et de formation de 220 autres.

Un an plus tard, nouveau dépôt de bilan : BKC n'avait pas apporté les fonds promis. En revanche, il avait touché cinq millions d'aides directes de la région, plus dix millions de l'État. Et pour couronner le tout, il avait revendu ses actions à un autre homme d'affaires !

Aujourd'hui, les autorités affirment qu'il n'y a plus un sou pour garantir l'emploi des salariés d'Heuliez car les caisses publiques sont à sec. Mais la faute à qui ? L'exemple d'Heuliez, et ce n'est qu'un cas parmi bien d'autres, montre bien comment des capitalistes petits et grands pillent les caisses de l'État avec le feu vert et l'aide des gouvernants.

Alors, il n'est pas question que les salariés d'Heuliez fassent les frais de ces capitalistes chasseurs de primes et de leurs protecteurs politiques.

Pour ne prendre que le cas de la famille Quéveau, ancienne propriétaire d'Heuliez d'avant le premier dépôt de bilan, elle se trouve à la tête d'une fortune d'une centaine de millions d'euros. « Son » argent provient d'abord de l'exploitation de ses salariés. Ce ne serait que justice qu'on mette à contribution sa fortune pour assurer les salaires de ceux, les seuls, qui risquent de tout perdre si Heuliez met la clé sous la porte.

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