Dans le brouhaha parlementaire consécutif aux aveux du ministre du Budget, la question des députés continuant d'exercer leur activité professionnelle en plus de leur mandat a été une fois de plus posée. Une fois de plus, mais pas pour tout le monde.

La question ne se pose pas pour les ouvriers non pas qu'ils ne pourraient pas demander d'aménagement du temps de travail à leur patron, mais tout simplement parce qu'aucun député n'est actuellement classé dans cette catégorie. Elle n'apparaît même pas dans la liste des professions recensées par l'administration du Parlement.

Elle ne concerne pas non plus les capitalistes car seule la famille Dassault, père sénateur, fils député, maintient la tradition qui voulait que le grand patronat s'occupe personnellement de l'intendance politique. Et qui oserait s'en prendre au premier marchand de canons du pays ?

Elle se pose en revanche pour tous les affairistes petits ou grands, avocats de toutes affaires, propriétaires de cliniques et chirurgiens de renom, qui ne veulent pas laisser dépérir leur capital au prétexte qu'ils s'occupent de voter des lois. Et ils se défendent avec un seul argument : « Il faut que le pays réel soit représenté ! »

Leur pays, c'est celui de ceux qui gagnent de l'argent car, alors qu'ouvriers et employés représentent plus de la moitié de la population active et font fonctionner toute l'économie, ils comptent pour moins de 1 % des parlementaires.