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- Lutte ouvrière n°2332
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Dans les entreprises
Chanel : Pour les patrons ça baigne... dans le luxe
Dans cette dernière catégorie, il faut compter plusieurs milliers d'euros la pièce. Mais dans ce domaine Chanel ne cesse d'innover : ainsi, l'année dernière, elle commercialisait des raquettes de plage à 1 650 euros la paire. Mais il y a un envers du décor.
En effet, les ouvrières et les ouvriers qui produisent ces produits de luxe sont beaucoup moins montrés. Les usines de production sont situées principalement dans l'Oise, à Compiègne où sont fabriqués les parfums et les produits de « soins corporels », à Chamant où sont fabriqués les sacs et accessoires, à Verneuil-en-Halatte pour la maroquinerie et les articles de voyage de luxe. En tout, on compte presque 1 400 travailleurs en CDI et intérimaires, sans compter les nombreux travailleurs des entreprises sous-traitantes de ménage, de maintenance, de cantine, de sécurité ou de transport. Pour ce qui concerne la maison de couture, l'horlogerie ou les bijoux, ce sont près de 400 petits ateliers fournisseurs travaillant ou appartenant directement à Chanel et qui représentent des centaines de travailleurs.
Tous ces travailleurs n'ont bien sûr pas les moyens de se payer la plupart des articles qu'ils fabriquent. Un seul sac peut coûter une somme supérieure au salaire mensuel d'une ouvrière. Les conditions de travail sont difficiles, dans certains ateliers en particulier où travaillent les « petites mains ». Il y a les cadences qu'il faut tenir, qu'on soit sur machines ou dans les ateliers de couture, avec certains chefs qui suivent les moindres déplacements des ouvriers. Les changements de poste sont fréquents : ainsi, celles et ceux qui travaillent sur les lignes de production à la journée, de 8 heures à 17 heures, peuvent se retrouver d'équipe du matin avec un démarrage à 6 heures, ou du soir pour finir à 20 heures.
C'est ce travail qui depuis des décennies, depuis le rachat de l'entreprise à Coco Chanel, a enrichi la famille Wertheimer. Les frères Wertheimer ont racheté l'entreprise Bourjois (parfum, maquillage et cosmétique), mais ils ont aussi investi dans d'autres secteurs, les éditions La Martinière ou encore l'entreprise Guy Degrenne. Ces deux frères font partie du club des milliardaires de ce monde, avec 5,6 milliards de fortune personnelle déclarée en 2012, en augmentation de 25 % par rapport à l'année 2011. Ces grands bourgeois occupent leurs (importants) loisirs avec leur écurie de chevaux de course et vivent l'un en Suisse, l'autre aux États-Unis.
Les patrons de Chanel, comme ceux de tout le secteur du luxe, ne connaissent pas la crise.