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Dans les entreprises
Peugeot : une dynastie capitaliste
Mercredi 20 novembre, Édouard Peugeot a été désigné pour prendre la tête de la société familiale d’investissement Peugeot Invest, c’est-à- dire la société représentant les intérêts de la famille Peugeot qui chapeaute une partie des entreprises du groupe.
La presse économique n’a pas eu de mots assez élogieux sur ce diplômé de Dauphine, spécialisé dans les banques d’affaires, qui a été nommé pour ses « qualités personnelles ».
Parmi les qualités d’Édouard Peugeot, la principale est sans aucun doute qu’il est un des rejetons de cette riche famille d’industriels français. Si les travailleurs, après toute une vie d’économies, n’ont parfois qu’une maison ou une voiture à transmettre à leurs héritiers, ce n’est pas le cas des Peugeot. Au commencement, au 16e siècle, ce n’était que des notables qui se sont transformés en industriels, prospérant sur l’exploitation de milliers d’ouvriers et sur les aides de l’État français, fidèle béquille du groupe. Chez les Peugeot, les générations ressemblent à des dynasties royales, à tel point qu’elles sont numérotées : on trouve ainsi des Jean-Pierre Ier, II et III, des Robert Ier et II, des Pierre Ier et II, et on en passe, jusqu’à l’actuelle neuvième génération.
La financiarisation de l’économie a vu, dans les années 1990, la famille diversifier ses activités, jusque-là centrées sur l’automobile. Sa société d’investissement a acquis des parts dans de nombreuses sociétés, dont l’Immobilière Dassault, Orpea, Onet, Zodiac, et bien d’autres. Les intérêts dynastiques des Peugeot sont ainsi préservés des crises, et les fruits de la spéculation restent dans la famille puisque, si un membre souhaite vendre ses parts, il ne peut le faire qu’à la société d’investissement Peugeot Invest. Il est vrai que, en 2009, Robert Peugeot, le patriarche auquel un de ses fils succède aujourd’hui, a laissé une petite fortune échapper à ce cercle, car elle lui a été dérobée lors d’un cambriolage alors qu’il la cachait dans sa salle de bains.
La fortune des Peugeot – 31e au classement du magazine Challenges – n’a rien à voir avec le travail de ses membres mais tout à voir avec celui des ouvriers, y compris quand ils sont victimes de plans de licenciements, comme par exemple la fermeture de l’usine PSA d’Aulnay en 2013 ou celle de l’usine de Saint-Ouen un peu plus tard. À l’époque, la famille avait crié à la faillite, pour annoncer des profits record à peine quelques années plus tard.
Aujourd’hui, ils parlent de nouveau d’une crise du secteur automobile et de la nécessité de sacrifier des emplois. Les travailleurs n’ont aucune raison d’accepter de se sacrifier pour les profits de ces exploiteurs.