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Leur société
Arnault au tribunal : selon que vous serez puissant ou misérable…
L’homme le plus riche de France, Bernard Arnault, PDG et propriétaire du groupe de luxe LVMH, a daigné se rendre au tribunal le 28 novembre dans l’affaire Squarcini, un ancien dirigeant du renseignement intérieur (DCRI devenue DGSI).
Squarcini est accusé d’avoir agi illégalement pour le compte de LVMH. Alors qu’il dirigeait la DCRI, il a mobilisé en 2008 une dizaine d’agents secrets pour trouver qui faisait chanter Arnault. Après avoir été écarté de la DCRI en 2012, il a créé une agence privée de barbouzes qui travaillait essentiellement pour LVMH. Des centaines de documents « confidentiels défense » ont d’ailleurs été retrouvés dans son bureau… à LVMH. Squarcini est aussi accusé d’avoir utilisé son réseau de connaissances dans la police pour obtenir des renseignements sur Hermès, le concurrent de LVMH. Et il a aussi organisé l’espionnage de François Ruffin, actuellement député NFP, qui réalisait alors un documentaire sur Arnault.
Les preuves sont accablantes contre Squarcini et LVMH. Mais bien sûr, Arnault n’en a pas moins nié, avec un aplomb propre à tous les patrons de grandes sociétés : « Je n’ai jamais demandé d’utiliser des barbouzes. » Et, sans scrupule, il met tout sur le dos de son ancien adjoint et prétendu ami. Il a ainsi déclaré : « je n’étais absolument pas au courant » de l’espionnage de Ruffin, qui a quand même duré près de trois ans, car tout cela « était suivi par Pierre Godé », alors numéro2 de LVMH. Arnault, dont la loyauté n’est pas une valeur, voudrait donc faire croire que son adjoint ne lui aurait jamais parlé d’affaires aussi importantes et illégales ! Mais il sait qu’il peut de toute façon charger autant qu’il veut Godé... qui est mort entre temps.
Face aux avocats de la défense, Arnault a rapidement rappelé qu’il n’était là que comme témoin et qu’il ne figurera jamais comme accusé. Comme tout s’achète dans cette société, il a en effet signé en 2021 une convention par laquelle le tribunal de Paris a abandonné toute poursuite contre LVMH, moyennant le versement de dix millions d’euros.
Au bout de deux heures et demie, Bernard Arnault a carrément déclaré qu’il ne voulait plus répondre aux « imbécillités », « débilités » et autres « élucubrations » des avocats, tout cela avec l’accord du juge bien sûr. Et il a alors quitté tranquillement le tribunal.
Aucun des politiciens réactionnaires habituels ne crie au manque de respect de la République et au laxisme de la justice contre les délinquants multirécidivistes. Ils sont trop occupés à servir de paillasson à ces bourgeois milliardaires.