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Dans les entreprises
Stellantis : “Monsieur 100 000 euros par jour” licencié
Carlos Tavares, le directeur général de Stellantis, a été éjecté par le conseil d’administration du groupe dimanche 1er décembre. Dans les usines, personne ne regrettera ce licencieur.
Tavares est un de ces mercenaires surpayés que peut s’offrir la bourgeoisie, qui a navigué d’un groupe capitaliste à un autre pour y aggraver l’exploitation – il a été l’un des patrons de Renault et membre du conseil d’administration d’Airbus et de Total. Devenu patron de PSA en 2014, il a organisé le rachat du groupe Opel en 2017, puis la fusion avec Fiat-Chrysler en 2020-2021, donnant naissance au groupe Stellantis.
La fiche de poste de Tavares, en entrant chez PSA, était simple : augmenter les profits du groupe avec la peau des ouvriers. Il avait comme objectif, au moment de son embauche, de porter la marge opérationnelle du groupe PSA à 4 %. Celle du groupe Stellantis a dépassé 13 % en 2022, et son bénéfice a atteint la somme hallucinante de 18,6 milliards d’euros en 2023.
Ce que le conseil d’administration appelle hypocritement le « redressement spectaculaire » de l’entreprise s’est fait en fermant des usines et en supprimant 150 000 emplois en dix ans à l’échelle mondiale. Ensuite, l’exploitation des travailleurs restants a été accrue, en organisant la chasse au moindre geste inutile, en imposant les pauses travaillées obligatoires, en volant les jours de congé, en systématisant l’insupportable succession de jours chômés et de samedis travaillés annoncés la veille pour le lendemain…
Pour servir les actionnaires et appliquer les méthodes brutales propres au capitalisme, « sans état d’âme », comme il dit lui-même, Tavares a été grassement rétribué. Pour 2024, il avait négocié un salaire de 36,5 millions d’euros, ce qui lui a valu le surnom, dans les ateliers, de « Monsieur 100 000 euros par jour ». Quant à la prime de départ dont il bénéficiera, le fameux « parachute doré » des serviteurs des capitalistes, son montant est pour l’instant top secret. La presse économique évoque déjà des dizaines de millions d’euros, voire 100 millions.
Autant dire que l’éviction express de Tavares, même si elle était sur toutes les lèvres lundi 2 décembre, n’a fait pleurer personne dans les usines du groupe. À Poissy, malgré l’inquiétude provoquée par la perspective de la fermeture de l’usine, les plaisanteries fusaient : certains travailleurs parlaient de lancer une collecte pour son pot de départ, d’autres disaient, en voyant passer au loin un car à fourches : « Tiens, Carlos a déjà retrouvé du travail ».
Si le nom du successeur de Tavares n’est pas connu, une chose est certaine : quelle que soit sa nationalité, il poursuivra le sale travail au service des actionnaires.
Beaucoup d’ouvriers sont dégoûtés que Tavares s’en aille avec des millions d’euros alors qu’eux, qui fabriquent tous les jours la fortune des familles Peugeot, Agnelli et de leurs larbins de luxe, ne se voient proposer qu’une aumône pour les pousser à partir. Mais c’est aussi une bonne raison de plus de défendre l’idée que les travailleurs, à Poissy, à Douvrin et dans tous les sites menacés du groupe, doivent discuter des garanties qu’ils veulent obtenir et, demain, s’organiser pour les arracher.