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Leur société
Surpopulation carcérale : la prison ne redresse pas, elle brise
Le ministère de la Justice a publié les chiffres de détenus dans les prisons françaises et le taux d’occupation des établissements au 1er novembre : 80 130 personnes étaient incarcérées ; la densité carcérale était de 128 %.
Mais ces taux varient selon les établissements, dont certains comptent deux fois plus de détenus que de places. Près de 4 000 détenus dorment sur des matelas au sol.
En un an, 5 000 personnes supplémentaires ont été incarcérées. Les maisons d’arrêt font partie des établissements qui comptent une fois et demie plus de détenus que de places. Or on y incarcère des condamnés à de courtes peines ou des prévenus en attente de jugement, donc présumés innocents.
Un lit de plus dans une cellule, l’exigüité des lieux, les toilettes à peine dissimulées, le manque d’air et d’hygiène entraînent une promiscuité insupportable : tout cela ne peut que dégrader les relations humaines, entre les détenus eux-mêmes et avec le personnel pénitentiaire.
Les gouvernements successifs ont régulièrement parlé de rénovation des locaux, de construction de 15 000 nouvelles places : autant de travaux qui, selon le ministre Didier Migaud, ne seront pas achevés avant 2029, « dans le meilleur des cas », faute de crédits. Mais surtout, ces places supplémentaires, régulièrement dépassées par l’augmentation des condamnés, ne règleront pas le problème.
La politique du chiffre quand il s’agit de réprimer, les appels réguliers à la sévérité, y compris pour les mineurs, tout concourt à diriger les délinquants vers la prison. Là, loin de se réadapter faute d’encadrement, ils s’enfoncent dans un monde de non-droit où se côtoient petits et grands truands, assassins, malades mentaux, et l’on s’y suicide dix fois plus qu’à l’extérieur.
La réalité fait justice de tous les discours, parfois lénifiants mais plus souvent répressifs, que bien des responsables politiques servent régulièrement à leurs électeurs.