Haïti : les travailleurs relèvent la tête18/05/20162016Journal/medias/journalnumero/images/2016/05/LO2494.JPG.445x577_q85_box-0%2C24%2C312%2C429_crop_detail.jpg

Dans le monde

Haïti : les travailleurs relèvent la tête

Jeudi 12 mai, l’association patronale haïtienne publiait une note s’élevant contre des « actes barbares » et « terroristes » perpétrés la veille sur la zone industrielle de Sonapi, à ­ Port-au-Prince. Le même jour, le ministère des Affaires sociales et du Travail annonçait que l’arrêté portant sur la révision du salaire minimum serait publié dans les meilleurs délais, précisant qu’il serait effectivement porté à 300 gourdes (5 euros) pour 8 heures de travail.

Le patronat et le gouvernement haïtiens répondaient ainsi aux ouvriers qui, mercredi 11 mai, avaient débrayé et manifesté par milliers dans la zone industrielle, exigeant un salaire minimum de 500 gourdes (7 euros) par mois.

Cette manifestation entraînant tous les travailleurs d’une même zone industrielle faisait suite à une série de mouvements partiels. Depuis des mois, des travailleurs ont lutté dans plusieurs usines de la zone contre telle ou telle conséquence de l’exploitation : surcharge de travail ; intoxication alimentaire à l’usine ; vol sur les salaires ; licenciements abusifs ou disciplinaires ; vol sur les congés, etc. Mais la question du salaire résume toutes les autres et unit tous les ouvriers.

Lors d’un débat organisé à la fête de Lutte ouvrière, des camarades de l’Organisation des travailleurs révolutionnaires d’Haïti (UCI) ont donné cet exemple : un ouvrier de la zone gagne 3,40 euros par jour. Se rendre à l’usine, y prendre un repas et se désaltérer lui coûte 3 euros. Il ne lui reste plus que 40 centimes par jour pour faire vivre sa famille. Dans ces conditions, nombre d’ouvriers de la zone se sont retrouvés depuis des semaines autour des revendications d’un salaire de 500 gourdes (7 euros) et d’une baisse du prix des produits de première nécessité.

Alors qu’une manifestation se préparait pour porter ces revendications le 1er mai, le Conseil supérieur des salaires, organisme gouvernemental, annonçait qu’à partir de ce jour-là le minimum passerait à 300 gourdes (5 euros). Les travailleurs ont maintenu la manifestation, qui fut un succès, et attendu la paye suivante pour vérification : aucun patron n’a payé sur la base de 5 euros par jour. C’est ce qui a déclenché la manifestation du 11 mai.

La réaction des patrons est bien à leur image : arrogante, injurieuse, mensongère et stupide. Celle du gouvernement, promettant une nouvelle fois d’augmenter les salaires, montre qu’il craint la force d’entraînement de la classe ouvrière. En effet, alors que de nombreuses catégories sociales souffrent et qu’il existe une immense masse de déshérités, la classe ouvrière peut se retrouver en tête d’une révolte générale.

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