Île de La Réunion : Chômage ras-le-bol !14/02/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/02/une2324.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Île de La Réunion : Chômage ras-le-bol !

Fin janvier et début février, dans des quartiers de plusieurs villes de La Réunion, à Saint-Benoît, Saint-Louis et Saint-Pierre, plusieurs dizaines de jeunes sans emploi ont bloqué des carrefours et des routes pour exiger qu'on leur attribue un travail, ne serait-ce que des emplois aidés, en particulier ceux promis par le gouvernement et qui n'arrivent qu'au compte-gouttes.

À Saint-Benoît, plusieurs dizaines de jeunes ayant un emploi vert et menacés de perdre leur travail ont occupé l'agence du Pôle emploi. Ils en ont été délogés par les gendarmes, mais ont tout de même obtenu le déblocage d'un certain nombre de contrats.

Des mouvements similaires avaient déjà eu lieu en février 2012, quand la colère avait éclaté dans plusieurs quartiers. Suite aux affrontements qui eurent lieu à Saint-Louis, quelques dizaines de jeunes obtinrent un contrat de quelques mois, mais un an plus tard la situation n'a pas changé. Elle a même empiré.

Chaque année à La Réunion, sur les 9 000 jeunes arrivant sur le marché du travail, seuls 3 000 trouvent un emploi, la plupart du temps précaire. Aujourd'hui, 25 000 jeunes de moins de 25 ans, soit deux sur trois, sont au chômage.

L'arrêt des grands chantiers dans le bâtiment et les travaux publics, les fermetures d'entreprises, ont fait augmenter le nombre des chômeurs. Leur taux se monte aujourd'hui à 35 % de la population active. Que ce soit dans le secteur public ou le secteur privé, les entreprises embauchent très peu, n'offrant la plupart du temps que des contrats à durée déterminée. Les jeunes en sont les principales victimes, avec les femmes et les seniors.

Pour justifier l'absence d'embauches, les patrons mettent en avant le coût du travail. L'argument ne tient pas un seul instant quand on sait comment ils utilisent la crise et le fait que l'île compte 160 000 chômeurs pour faire pression sur les salaires, imposer des horaires à rallonge, des heures supplémentaires parfois impayées et la non-application des conventions collectives.

Depuis des années, les différents gouvernements, de droite comme de gauche, n'ont eu que quelques contrats dits aidés, et surtout limités dans le temps, à proposer aux jeunes. Les derniers en date ont été les contrats d'avenir tant vantés par Hollande. Les fraîchement élues députées PS de la Réunion se sont félicitées d'en avoir obtenu 5 000 sur les 100 000 prévus au niveau national. Mais, à ce jour, seuls 200 ont été signés. Les responsables des collectivités rechignent en effet à payer les 25 % restant à leur charge au prétexte que leurs comptes sont dans le rouge. Quant au président UMP de la Région, il a tout simplement déclaré qu'il n'utiliserait pas ce type de contrat, car il préférait pérenniser les contrats en cours, comme si l'un devait empêcher l'autre.

Face au drame du chômage, les jeunes ont bien raison de se mobiliser. Ils doivent être soutenus par tous les travailleurs à qui l'on fait payer aussi les méfaits du système économique.

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