Résultats financiers d'ArcelorMittal : Charger la barque pour justifier les suppressions d'emplois14/02/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/02/une2324.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Résultats financiers d'ArcelorMittal : Charger la barque pour justifier les suppressions d'emplois

Alors que ses ventes d'acier n'ont baissé que de 2,3 % en 2012 et que celles de minerai ont, par contre, augmenté de 5,4 %, comment le groupe ArcelorMittal a-t-il bien pu passer d'un bénéfice de 4,9 milliards de dollars en 2011 à une perte nette de 3,7 milliards en 2012 ?

C'est la magie des chiffres des résultats financiers que le numéro un mondial de l'acier a publiés au moment où Valls envoyait les CRS contre les travailleurs des usines européennes d'ArcelorMittal qui manifestaient à Strasbourg.

En réalité, si le chiffre d'affaires global est bien en baisse de 10 % du fait de la chute des prix de l'acier, l'excédent brut d'exploitation est tout de même de 7,1 milliards, en baisse lui aussi, mais en restant tout de même confortable.

Pour réussir à afficher des pertes, ArcelorMittal a chargé la barque. Il a compté en charges des « dépréciations d'actifs » pour cinq milliards, à quoi s'ajoute 1,3 milliard pour ce qu'il appelle « l'optimisation des actifs » ainsi que le coût des restructurations pour près de 600 millions. Par ailleurs, Arcelor a diminué sa dette de 1,4 milliard, et, c'est bien connu, qui paye ses dettes s'enrichit.

Sans tous ces artifices comptables - et quelques autres que seul le contrôle des travailleurs sur les comptes de l'entreprise pourrait mettre en lumière - le groupe aurait affiché un bénéfice de deux milliards de dollars. Gênant quand, dans le même temps, Mittal pleure sur la crise... et massacre l'emploi à la hache.

Présenter des pertes sert à ArcelorMittal à justifier les fermetures d'usines et les suppressions massives d'emplois. Le groupe ne fait même pas semblant d'y croire : si pertes il y avait vraiment, comment expliquer que les liquidités auraient pu passer, de son propre aveu, de 1,1 milliard de dollars à 14,5 milliards fin 2012 ?

Les pertes n'empêchent en tout cas pas ArcelorMittal de verser encore en 2013 des dividendes aux actionnaires, qui n'en ont nul besoin pour vivre. Alors, il n'y a aucune raison pour que travailleurs du groupe, intérimaires et sous-traitants acceptent les suppressions d'emplois programmées de Liège à Florange.

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