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Droit de vote pour les immigrés : Ayrault toujours prêt à reculer
Depuis le début du mois, le Premier ministre Jean-Marc Ayrault consulte les chefs des groupes parlementaires sur le fait d'accorder le droit de vote aux immigrés pour les élections locales, un des engagements de Hollande durant sa campagne.
Cette réforme nécessiterait de modifier la Constitution, et pour cela il faudrait obtenir les trois cinquièmes des voix au Parlement. Le Parti socialiste a beau avoir la majorité à l'Assemblée et au Sénat, il manquerait encore 34 voix, à condition que ses membres ainsi que ses alliés y soient tous favorables. Ayrault annonce donc son intention de convaincre autant de parlementaires. « Je passe des heures et des heures à essayer de convaincre individuellement. Mais c'est très difficile comme démarche. Cela évolue très peu », a-t-il déclaré.
Si le Premier ministre voulait démontrer que, malgré la bonne volonté du gouvernement, il n'est pas possible d'accorder le droit de vote aux étrangers, il ne s'y prendrait pas autrement. Il s'agite pour rappeler qu'il n'a pas oublié la promesse de Hollande, il fait mine de s'occuper de cette question afin de ne pas choquer la partie de son électorat et du public de gauche favorable à cette mesure. Mais en choisissant de limiter sa campagne à des discussions individuelles avec quelques dizaines de parlementaires, il ne risque pas de modifier l'opinion publique, dont le poids serait seul capable de les influencer. En leur temps, Simone Weil et Robert Badinter avaient osé affronter une opinion publique défavorable, y compris parmi leurs propres amis politiques, pour imposer, respectivement, le droit à l'avortement et l'abolition de la peine de mort. Rien de tel avec Ayrault, qui se contente de discussions de couloir, ce qui revient à enterrer le projet tout en faisant mine de le défendre.
Il serait normal que les immigrés qui vivent depuis des années en France, enrichissent le pays par leur travail et leurs impôts, puissent avoir le droit de vote pour toutes les élections, et pas seulement les municipales. Mais ils ont peu de chances de l'obtenir de ce gouvernement, toujours prêt à oublier ses promesses envers les travailleurs.