Des cours de morale à l'école ? Ça ne coûte rien, mais ne résout rien05/09/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/09/une2301.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Des cours de morale à l'école ? Ça ne coûte rien, mais ne résout rien

Le ministre Vincent Peillon n'est pas en peine de propositions pour l'Éducation nationale. Après avoir proposé aux enseignants et aux parents d'élèves de « réfléchir » -- et pour l'instant cela ne va pas au-delà -- sur les rythmes scolaires et le système de notation des élèves, il lance maintenant l'idée d'introduire des cours de morale dans les programmes.

Une heure par semaine, les élèves apprendraient donc comment ils doivent se comporter en collectivité, la politesse, le respect de l'autre, qu'il s'agisse de camarades de classe ou d'adultes, l'acceptation des différences, etc. Un coup de baguette moralisatrice, et finis les grossièretés, les insultes, le racket, les bagarres entre élèves, les phénomènes de bandes dans les quartiers sensibles. Ainsi tout le monde sera beau, tout le monde sera gentil ! Mais pourquoi n'y avoir pas pensé plus tôt ?

Peillon semble oublier que c'est à longueur de journée que, dès le primaire, les enseignants inculquent ces notions à leurs élèves. Et dans les établissements difficiles, aucun professeur ne pourrait enseigner correctement s'il n'y avait pas ces rappels à l'ordre continuels pour corriger des comportements individuels nuisibles à la vie collective et aux études des autres élèves.

Comme pour les deux autres « sujets de réflexion » que sont les rythmes scolaires et la notation, qui méritent certes qu'on s'y attarde, parler d'introduire des cours de morale a le grand mérite pour le ministre de l'Éducation nationale de ne pas coûter un seul euro et de lancer les parents et les enseignants sur de fausses pistes, prétendument destinées à remédier aux problèmes de l'école. Il est choquant de voir avec quelle rapidité les syndicats enseignants s'engouffrent dans ces débats, occultant du même coup le fait qu'il y a d'abord un problème de moyens.

Les 80 000 suppressions de postes de ces cinq dernières années pèsent lourd dans l'ambiance des établissements scolaires. Entre les tâches administratives de plus en plus nombreuses imposées aux enseignants et les heures supplémentaires obligatoires, ou celles qu'ils se sentent contraints d'accepter pour que toutes les heures de cours soient assurées, ils ne sont plus aussi disponibles qu'auparavant pour encadrer les élèves, discuter entre eux de propositions pour tenter de résoudre les problèmes que posent des classes difficiles. En outre, les établissements scolaires, et plus particulièrement ceux des quartiers défavorisés, ont beaucoup moins de crédits permettant de développer les activités culturelles ou sportives qui améliorent les rapports des élèves entre eux et avec leurs professeurs.

Les enseignants n'attendent pas de leur ministre des sujets de réflexion qu'ils sont capables de trouver tout seuls, mais des crédits pour assurer leur métier dans des conditions qui leur permettent de faire progresser leurs élèves.

Partager