La secte Moon : Dollars et goupillon05/09/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/09/une2301.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

La secte Moon : Dollars et goupillon

L'Association du Saint Esprit pour l'unification de la chrétienté mondiale, plus connue sous le nom de secte Moon, vient de perdre son fondateur-prophète-PDG. Il laisse derrière lui une immense fortune, assise sur des entreprises et des organisations de toute sorte visant à faire remonter les fonds vers le gourou et sa famille.

Moon Sun-Myung ne fut ni le premier ni le dernier jeune paysan à avoir entendu le Seigneur lui montrer le chemin d'une vie sans travail, agrémentée de la compagnie de nombreuses pénitentes. La misère du plus grand nombre et le cynisme de quelques-uns font éclore de telles vocations dans bien des endroits et à toutes les époques. Mais il faut admettre que la réussite de Moon est sans égale au vingtième siècle.

Si tout le monde peut se prévaloir d'une révélation divine, Moon, lui, a su s'appuyer sur des forces autrement sérieuses en se mettant dès le début de sa prédication au service de la dictature de Corée du Sud et de la politique des États-Unis. Son mouvement a connu un développement spectaculaire pendant les guerres américaines en Corée puis au Viêt Nam, s'est enraciné au Japon à l'ombre d'hommes d'affaires d'extrême droite, a accédé à la scène internationale en participant à l'Alliance anti communiste mondiale, fondée par les gouvernements de Corée du Sud et de Taïwan, sous le regard bienveillant de la CIA.

Au point que, en 1971, Moon est parti vivre et prospérer aux USA, accueilli à bras ouverts par le président Nixon. Reconnaissante, la secte, devenue une multinationale, a soutenu Nixon jusqu'au bout, puis fait campagne pour Reagan. Lequel a renvoyé l'ascenseur en faisant en sorte que les plaintes contre Moon n'aboutissent pas.

Mais le marché de la crédulité publique, de l'argent facile et du soutien aux idées réactionnaires est très concurrentiel. Rattrapé par là où il avait péché, Moon écopa de dix-huit mois de prison pour fraude fiscale. De plus, partout dans le monde, les Églises officielles défendaient leur pré carré et lui jetaient l'anathème. Le révérend eut beau se défendre en disant que l'Église catholique n'était au fond qu'une secte qui avait réussi, que l'Amérique n'était pas reconnaissante, qu'il pouvait réconcilier les deux Corées, rien n'y fit. Son heure était passée. En 1986, la secte Moon en était réduite à des combines minables, comme de vendre à Le Pen une photo avec Reagan au prix d'un siège de député européen pour un mooniste.

Vivant sur la fortune acquise, Moon se proclama en 2004 « sauveur de l'humanité » sans que personne ne le sache. L'année d'après, la mort du Pape occupait les médias des journées entières. La grande compagnie Vatican n'a pas laissé le trust Moon lui prendre son marché, mais qu'on se rassure, celui-ci se défend bien.

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