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Dans le monde
Belgique : La finance dépouille les travailleurs
Bien que peu médiatisés, deux exemples récents illustrent le pillage des PME par des groupes financiers en Belgique.
En avril 2012, les 129 salariés de GDB International (leader dans le mobilier de bureau), à Strépy dans le Hainaut belge, apprennent la mise en faillite de leur entreprise. Deux mois durant, les travailleurs occupent leur usine pour s'opposer à cette décision. En fouillant les locaux de la direction, ils découvrent des courriers internes où la fermeture était planifiée de longs mois à l'avance « pour atteindre les objectifs financiers », selon les termes employés par ces même cadres et directeurs, qui n'hésitaient pas à l'époque à leur mentir en les assurant du contraire.
Ce n'est pas tout. Ces travailleurs se sont aussi rendu compte que les bâtiments de leur entreprise, construits à l'aide de fonds européens, avaient été ensuite revendus à Abelim, une filiale immobilière du groupe Alcopa, à qui GDB devait verser un loyer de 130 000 euros par mois. Peu avant la faillite, le reste des actifs de GDB a été transféré à Yours, une filiale financière du même Alcopa. En même temps, une entreprise française, Brevidex, achetée en 2008 par Alcopa, reprenait les activités de GDB. Les travailleurs de GDB soupçonnent, à juste titre, Alcopa d'avoir organisé une faillite frauduleuse.
Alcopa est la propriété de la famille Moorkens, 20e fortune du pays qui, entre autres largesses, a bénéficié de 60 millions d'euros de remises fiscales. Dominique Moorkens, le patriarche, s'est par ailleurs associé à huit autres familles fortunées pour fonder le groupe Profinpar, qui s'est fait une spécialité du rachat de PME et vise « par ses méthodes de management modernes » à en retirer un profit minimum de 15 %. Comme Don-Bar à Soignies (à 15 km de Strépy) par exemple, dont les cinquante travailleurs fabriquaient depuis des lustres des feux ouverts pour le chauffage. Mais les objectifs financiers de Profinpar n'étant pas au rendez-vous, le groupe a décidé début juin de mettre l'usine Don-Bar en faillite.
Là aussi, les travailleurs ont tenté de s'opposer à la liquidation en occupant l'entreprise durant deux mois. Ces travailleurs ont eu le temps de découvrir que les financiers qui leur volaient leurs emplois étaient liés à ceux qui avaient fermé GDB International. Ils ont aussi compris comment ces gens, richissimes, laissaient le curateur judiciaire faire le sale travail, avant de tenter de reprendre Don-Bar pour l'euro symbolique.
Le gouvernement wallon a déjà reçu une demande de subsides de 750 000 euros dans le cadre d'un projet de reprise de Don-Bar par de Tassenoy, le directeur mis en place par... Profinpar.
Les ficelles sont grosses et les travailleurs ne sont plus dupes. Mais à cause de la passivité des directions syndicales -- quand ce n'est pas leur complicité -- et par manque de perspective politique, les travailleurs de GDB, puis ceux de Don-Bar, sont obligés de se battre le dos au mur, isolés, dans l'anonymat presque total.