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Dans les entreprises
Sevelnord -- Valenciennes : Un « sauvetage » qui fait des victimes
Le 31 août, PSA a annoncé qu'il produirait un futur véhicule utilitaire léger dans son usine de Sevelnord, près de Valenciennes. Ainsi, après avoir décidé de fermer l'usine Citroën d'Aulnay, voilà que PSA veut se transformer en « sauveur » d'un site menacé. Et Toyota serait le nouveau partenaire de PSA à Sevelnord, à la place de FIAT.
La presse et de nombreux politiciens locaux, de la droite à la gauche, de Jean-Louis Borloo, ex-ministre de Sarkozy, à Alain Bocquet, député PC, disent que Sevelnord est « sauvé ». Ils y voient le succès de ce qu'ils appellent eux-mêmes « l'union sacrée » réalisée autour de la défense de l'usine. Et ils ont annoncé que les collectivités publiques soutiendraient les investissements de PSA et Toyota, c'est-à-dire que de nouvelles subventions viendront grossir les profits des actionnaires de ces deux entreprises pourtant déjà très riches.
Alors l'usine Sevelnord sera peut-être sauvée, mais c'est bien moins vrai pour les emplois, les salaires et les conditions de travail. Varin, le PDG de PSA, n'a pas donné de date pour le démarrage du nouveau véhicule. Le directeur de Sevelnord a cité 2017, sans précision de volume : « Nous ne savons pas combien de voitures nous vendrons dans trois mois. Alors, en 2017... »
Il n'y aurait pas de « plan de sauvegarde de l'emploi », le nouveau nom pour « plan de licenciements », en contrepartie d'un accord dit « de compétitivité ». Signé par les syndicats de l'usine, sauf la CGT, qui l'a refusé, ce plan prévoit des reculs très importants contre la promesse qu'il n'y aura pas de licenciements. Mais ce n'est pas une garantie, vu les mensonges qu'est capable de proférer le patronat.
Il y a dix ans, l'usine employait 4 500 travailleurs contre 2 800 aujourd'hui. Et l'érosion continue : départs dits « volontaires », départs « négociés », mutations, détachements vers d'autres usines... Une « cellule de mobilité » animée par un cabinet privé se charge de tenter de faire partir des travailleurs. Et quand cela ne suffit pas, ce sont les pressions sur les travailleurs malades, fatigués ou handicapés qui sont déclarés inaptes au travail... Et cela ne va pas s'arrêter, au contraire. La direction de Sevelnord estime qu'il y a encore plusieurs centaines de travailleurs en trop...
Les reculs de l'accord de compétitivité, eux, vont s'appliquer tout de suite... contre une promesse pour 2017, et ils sont nombreux : gel des salaires pour deux ans, voire plus, alors que le salaire moyen actuel n'est que de 1 400 euros net ; suppression de jours de RTT sans compensation ; mobilité interne et externe et flexibilité accrues. Les prêts de main-d'oeuvre entre usines vont devenir la règle, entre autres avec Toyota, présenté comme un nouveau partenaire.
Celui-ci achèterait des utilitaires produits à Sevelnord pour les vendre sous sa marque, ce que va continuer à faire FIAT encore quelque temps avant d'arrêter. Mais aucun chiffre de production n'est annoncé. La seule annonce de Sevelnord, c'est qu'il faudra savoir « s'adapter à la demande ». Autrement dit, ce sont les travailleurs qui devront encaisser le chômage partiel, les salaires bloqués, la mobilité et la flexibilité pour que les actionnaires de PSA -- et plus tard ceux de Toyota aussi -- continuent d'encaisser les profits...
Si beaucoup d'ouvriers de Sevelnord sont soulagés parce que PSA n'a pas annoncé la fermeture de l'usine, ils sont de plus en plus nombreux à se demander s'ils seront encore vraiment là quand le nouveau modèle arrivera... s'il arrive, et avec quelles conditions de travail et de salaires !