- Accueil
- Lutte ouvrière n°2255
- Crédit mutuel Arkéa -- Brest : Après onze jours de grève, les salariés font reculer la direction
Dans les entreprises
Crédit mutuel Arkéa -- Brest : Après onze jours de grève, les salariés font reculer la direction
Les 4 500 employés du Crédit mutuel Arkéa ont obtenu entre 50 et 100 euros, après onze jours d'une grève massivement suivie. Elle est partie du siège social du CM Arkéa au Relecq Kerhuon, près de Brest, regroupant les fédérations de Bretagne, du Massif Central et du Sud-Ouest de cette banque d'origine mutualiste.
Le Crédit mutuel insiste dans sa publicité sur ce qui en ferait un établissement bancaire différent. Mais la création en juin d'Arkéa SCD (Société des cadres de direction), une société anonyme conçue pour « accueillir » les 126 cadres dirigeants du groupe Crédit mutuel Arkéa, avait alerté beaucoup d'employés. Cette nouvelle société, censée chapeauter la banque, était présentée comme un simple moyen de gestion administrative permettant de faciliter la mobilité à l'intérieur du groupe. Mais elle visait en fait à affranchir l'entreprise des contraintes de son statut de banque mutualiste, ses dirigeants voulant pouvoir prendre part à la course aux opérations spéculatives.
Le syndicat CFDT, largement majoritaire dans l'entreprise, avait souligné que la création de cette société anonyme dérogeait aux « valeurs mutualistes » officiellement affichées. Mais lorsque la nouvelle direction a annoncé qu'elle refusait tout engagement de revalorisation collective des salaires, c'était rompre de manière provocante avec l'usage de négociations salariales où représentants syndicaux et direction visaient le consensus au nom des mêmes « valeurs mutualistes ». Derrière le changement de forme juridique, tous les employés du Crédit mutuel étaient donc visés. D'autant plus que les principaux cadres dirigeants venaient de s'octroyer sans sourciller des augmentations annuelles de 50 % de leurs rémunérations globales. Les mêmes qui refusaient de revaloriser les salaires des employés touchaient 615 000 euros pour le président et 490 000 euros pour le directeur général.
Le 27 septembre, les travailleurs du Crédit mutuel se sont donc mis en grève, réclamant une augmentation de salaire de 150 euros. Le directeur général a d'abord affiché la fermeté. Quand la grève s'est généralisée, il a tenté de tergiverser en proposant des augmentations différenciées des primes de participation, mais aucun engagement sur une augmentation collective des salaires. Cela ne faisait pas le compte et la grève n'a fait que se renforcer de jour en jour.
Finalement, vendredi 7 octobre, après onze jours de grève et alors que les salariés avait voté sa poursuite pour la semaine suivante, la direction a proposé 102 euros d'augmentation pour la plupart des salariés. Si ce n'était pas les 150 euros revendiqués, les employés ont pu reprendre le travail lundi 10 octobre avec la satisfaction d'avoir fait reculer la direction. Dans le détail, il s'agit de 102 euros par mois pour ceux dont la rémunération est inférieure à 30 000 euros annuels brut, et 51 euros pour les rémunérations comprises entre 30 000 et 40 000 euros annuels brut. Par ailleurs un complément d'intéressement de 300 euros pour tous est accordé ainsi qu'une enveloppe de 30 000 points à distribuer en concertation avec les syndicats, dans le cadre de la négociation annuelle obligatoire sur les salaires de 2012.
C'est en tout cas un succès de la grève dont tous sont fiers.