Les paroles du PDG de Renault Trucks, Stefano Chmielewski, au micro de France Info, ont suscité la colère dans l'usine. C'était jeudi 13 octobre, lors de la présentation à la presse d'un nouveau camion électrique.

Ce qui a le plus choqué, ce sont ses affirmations sur un 12 % d'absentéisme : « 12 % de gens qui font des courses de vélos le dimanche et se déclarent malades le lundi : ce sont des voleurs », a-t-il dit. Outre le fait que ses chiffres sont fantaisistes, le fait de traiter de « voleurs » les ouvriers victimes d'accidents, ou qui tombent malades à cause de l'augmentation des cadences, de la chasse aux temps morts, de l'usure prématurée et de la suppression de nombreux postes de reclassement pour les travailleurs handicapés, a été pris comme une véritable provocation.

Mais il a aussi parlé de « chômage doré », à propos des nombreuses journées de chômage technique depuis le déclenchement de la crise. Pour ceux qui ont subi les pertes de salaire et la suppression de jours de congé pour le subventionner, il y a de quoi être indignés. Sans parler des centaines d'intérimaires qui se sont retrouvés à la porte.

Devant l'émotion provoquée par ses paroles, il s'est senti obligé de s'excuser sur l'Intranet, le courrier interne de l'usine... mais en profitant pour en rajouter dans le même sens, disant qu'il visait « une petite minorité qui profite du système », et en reparlant une nouvelle fois des efforts que les travailleurs devront faire dans la période à venir.

Voilà des déclarations bien révélatrices de la mentalité de ces dirigeants : pour eux, ceux qui font tourner l'entreprise sont des voleurs, et les actionnaires qui empochent les dividendes seraient de courageux entrepreneurs. De quoi avoir envie de faire ravaler leur mépris à de tels parasites.